2. Portrait de groupe avec boeufs (Hélette)

L'orientation pastorale n'est pas le privilège de quelques exploitations d'élite, c'est un mouvement collectif qui concerne toutes les exploitations, quelle que soit leur taille. A l'échelle de la commune, elle est mise en évidence lors de la rénovation du cadastre entre 1910 et 1914 : les prés naturels progressent sensiblement, ce que ne laissaient pas prévoir des enquêtes agricoles renseignées de manière répétitive et négligente1000. Les prairies artificielles, très mal recensées, occupent par ailleurs une part croissante des labours : leur superficie a probablement triplé entre 1852 et 19141001. Tout aussi mal recensé, le cheptel bovin connaît aussi une progression certaine mais difficile à mesurer1002.

Aucun type d'exploitation n'échappe à ce mouvement général de pastoralisation. Si les grandes unités de plus de dix hectares peuvent seules consacrer aux prés naturels plus de la moitié de leur surface agricole utile, les petites exploitations de moins de cinq hectares parviennent elles aussi à accroître leur superficie en herbe1003. Elles pratiquent un élevage particulièrement intensif, engraissent des bœufs et des porcs, élèvent des chevaux laissés en liberté dans les landes communales : à Ascain en 1905, une petite exploitation de un à deux hectares cultivés, peut-être complétés par quelque parcelle louée verbalement, envoie au pâturage en moyenne quatre porcs, 32 brebis et six unités de gros bétail1004.

Les multiples petits changements qui accompagnent cette pastoralisation sont plus difficiles à mettre en évidence. Le cheptel, l'outillage, les améliorations foncières n'apparaissent qu'accidentellement, à l'occasion des successions litigieuses, des conflits de voisinage, des signatures de baux, parfois d'un concours agricole. Rares sont les exploitations où se laissent repérer quelques traces d'un changement agricole souterrain, fait de petites adaptations peu spectaculaires.

Notes
1000.

Voir tableau 1 en annexe : la part des prés naturels.

1001.

Voir tableau 2 en annexe : les prairies artificielles d'après les enquêtes agricoles.

1002.

Voir tableau 3 en annexe : le cheptel bovin et ovin d'après les enquêtes agricoles.

1003.

Voir tableau 4 en annexe : la part des prés naturels selon la superficie de l'exploitation.

1004.

Voir tableau 5 en annexe : le cheptel selon la taille de l'exploitation (Ascain, 1905).