CONCLUSION

Sans doute les trois décennies qui s'ouvrent autour de 1860 s'inscrivent-elles, dans le temps long de l'économie paysanne, comme une étape décisive. Dans le cadre de la grande ou de la petite propriété se manifeste alors la vitalité de la petite exploitation familiale, mode dominant de mise en valeur de la terre mais aussi cadre de vie et de travail d'une population rurale qui reste majoritaire en France jusqu'aux années 1930. L'exploitation se révèle à ce double titre comme un observatoire privilégié des dynamiques d'une société rurale en mutation. De la diversité de ces trajectoires ascendantes ou déclinantes, du trop-plein de sens suggéré par cet écheveau de vies accidentées, émergent en effet des processus communs et des temporalités parallèles. Aux rythmes souvent éclatés, parfois discordants, des histoires singulières s'écrit l'histoire silencieuse d'une société rurale aux capacités d'initiative insoupçonnées, et d'une société locale de plus en plus insérée dans une société globale.