PREMIERE PARTIE : PENSER LA SATIRE

Introduction (première partie)

Poser une réflexion sur la presse satirique en Afrique oblige à un préalable : celui de définir ce qu’est la satire. Autrement dit, l’étude d’un tel discours est d’abord, avant tout, un examen de ce qui fonde la démarche des journalistes qui sont à la base de ces projets. Il faut, alors, envisager la définition de ce style, de ce genre, cette conduite de la structure informationnelle. Ce choix qui est à l’origine de la naissance de ces corpus demande donc à être précisé.

La satire, discours polémique, est une représentation critique et comique. Le fondement de sa démarche est de mettre à nu, de façon comique, un défaut, un vice, un mensonge observé dans la société. Le satiriste observe ses semblables pour détecter leurs dérives sur les plans moral, politique ou social. Les journaux satiriques africains, comme nous le verrons, sont dans cette logique provocatrice et dénonciatrice. Ce sont des discours orientés et engagés qui mettent très souvent leurs auteurs dans une situation de censure de la part des pouvoirs politiques.

Dans cette première partie de notre thèse, l’objectif sera de d’examiner les mécanismes qui fondent le discours satirique : démontrer et démonter les stratégies qui sont à l’œuvre et qui permettent à l’auteur de mieux insinuer ses attaques et mieux construire son lectorat. De cet univers de complicité, la cible fera les frais des mots caustiques, pour le plus grand plaisir des lecteurs.

Ainsi, dans la partie qui suit, nous allons poser l’histoire de la satire, et essayer de comprendre son mode de fonctionnement, devenue en Afrique, à en croire tous les journaux qui naissent partout, une mode. D’une part, une histoire souvent construite à travers l’histoire politique occidentale, (les deux sont toujours liées) d’autre part, des ingrédients qui fondent ce que nous pourrons qualifier de satire universelle. En d’autres termes, ces éléments que nous définirons nous serviront de fil conducteur à travers les journaux qui constituent notre corpus.