Conclusion (première partie)

Nous retiendrons que dans le cadre d’un texte satirique, dont une part essentielle se fonde sur l’utilisation de l’implicite, il existe une relation complexe, mais nécessaire, entre l’instance de production et celle de la réception pour l’aboutissement effectif des discours critiques. Derrière de simples mots d’un énoncé, il y a un mécanisme d’une forte complexité qui traverse le texte. L’actualisation de celui-ci suppose la maîtrise de ce mécanisme résultant de la vie dans la société. Vivre dans une société, c’est partager avec ce groupe social des habitudes et des références qui nous construisent en tant que communauté. C’est pourquoi, il nous apparaissait que ce travail gagnerait en pertinence si nous consacrions une partie à l’identité que construit cette presse particulière en Afrique.

Le fonctionnement du discours satirique en général repose donc d’une part, sur des pôles qui définissent les différents protagonistes qui sont en jeu, et d’autre part, sur une construction stratégique qui permet de faire accepter la critique. Le satiriste, aidé d’une norme de référence, propose un discours dénonciateur dirigé contre une cible. Cette dernière, même lorsqu’on lui applique les caractérisques majeures de la caricature que sont le grossissement et la déformation, doit rester reconnaissable. Or, les traits qui permettent sa reconnaissance construisent en même temps la place du destinataire. Une telle connivence entre satiriste et destinataire résulte, par ailleurs, d’une véritable stratégie de séduction mise œuvre par le locuteur. Cependant, il faut reconnaître que cette stratégie repose sur une connaissance des savoirs du destinataire, savoirs qui constituent autant de compétences nécessaires à l’actualisation du discours. Pour mieux vérifier l’adéquation de ces théories à notre étude, nous allons maintenant présenter notre corpus.