Conclusion (deuxième partie)

La naissance et le développement d’une presse indépendante suppose l’existence dune véritable ouverture politique. Nous l’avons vu, que ce soit pendant la période coloniale, ou après les indépendances, jusqu’à la période contemporaine, la constitution et l’évolution de l’espace public en Afrique est à l’image des changements politiques que chacun des pays a connus. Une histoire politique propice au Sénégal, des subressauts au Burkina Faso, ou la dictature de Sékou Touré en Guinée, tout cela a permis de voir à quel point la naissance et le développement des journaux privés en Afrique sont loin d’être homogènes.

Par ailleurs, nous avons aussi constaté, depuis la presse des missionnaires jusqu’à la presse privée de nos jours, en passant par la presse noire de la « négritude », chaque journal qui naît est d’abord un lieu de contestation du pouvoir politique. Nous ne pensons pas que cela soit propre à l’Afrique, loin de là ! Ainsi, en conjuguant la caractéristique dénonciatrice et critique de la satire avec la mission de combat de la presse, les journaux satiriques en général, et africains en particulier, se trouvent à la croisée du chemin de la lutte pour l’existence d’un authentique espace public.

Il se dégage donc de cette partie, comme d’ailleurs de la première, que le pouvoir politique constitue le lieu de prédilection de la critique satirique. Tous les journaux, dans le projet initial qui explique la démarche des fondateurs, sont d’abord et surtout faits pour dénoncer les dérives des politiciens africains : Que Le Lynx use de son regard perçant, que Le Cafard promette d’exhumer des agissements cachés, que JJ veuille décrisper l’environnement austère du Burkina, que Le Marabout propose un diagnostic ou que Le Gri-Gri s’exprime en psychanalyste en Afrique, partout, le politique est passé au crible. C’est justement ce lien entre ces journaux et les politiques locaux et africains que nous nous proposons, maintenant, d’étudier.