3-3-3°/- Question d’ethnocentrisme

Lorsque nous entamons une étude sur la politique africaine ou sur les médias qui rendent compte des maux qui touchent le continent noir, nous croisons, indiscutablement, la question de l’ethnocentrisme. A défaut de constituer une opinion autour d’idéaux, les politiciens africains prennent le raccourci familial, tribal et ethnique pour fonder leur popularité. La Côte d’Ivoire, restée très longtemps, le havre des exilés politiques de la sous région, le « pays de l’hospitalité » se fend, depuis quelques temps, de cette plaie qui l’avait jusque là épargné. Au centre du conflit, la fameuse question de l’ « Ivoirité » ; l’écartèlement entre le Nord et le Sud ; Alhassane Dramane Ouattara, président du R.D.R, le sujet à contestation (cf. annexes, JJ , une 533).

Dans son article en date du 2 août, « Touche pas à mon ethnie ! », Isaac Baldé observait :

‘« Le film des machettes au vent tranchant les têtes à tout va, ça ne peut être qu’au Rwanda, pour beaucoup d’Africains. Erreur fatale. Les Ivoiriens, qui n’avaient cesse de vanter leur particularisme comme un antidote contre tous les avatars qui assaillent les autres Africains, ont été ahuris par le charnier de Youpougon, ce quartier d’Abidjan où on a découvert plusieurs dizaines de cadavres après les manifestations de contestation qui ont suivi les élections présidentielles qui ont porté Gbagbo au pouvoir. L’exception ivoirienne a donc vécu. La bêtise est aussi une donnée universellement humaine. Autant que l’homme est capable des choses noblement extraordinaires, autant il est capable du pire. Cette donne-là, il faut définitivement l’intégrer dans nos schémas de pensée ».’

Le journaliste part d’un fait concret, dans un pays qui semblait être à l’abri d’une telle dérive, pour ouvrir sa critique sur la nature humaine. Il n’y a de satire que dans le combat pour une morale sauve, pour une société parfaite. Mais, nous l’avions bien exprimé, au départ de cette thèse, le journalisme satirique a encore de beaux jours devant lui, parce que le monde, en général et le monde politique africain en particulier, est loin d’approcher cette perfection recherchée. La disparition de la presse satirique africaine, si elle doit être le fait des pouvoirs politiques ne passera que par la censure et l’intimidation, pas par une politique de gestion parfaite et saine des pays. En tous les cas, ceci est loin d’être imminent. On pourrait donc affirmer, sans risque d’afro-pessimisme, que la satire a encore de beaux jours devant elle en Afrique. En attendant, sur une base conflictuelle, à travers la caricature, elle constitue une identité politique que allons maintenant étudier.