Conclusion (troisième partie)

Nous voudrions conclure cette partie par un schéma qui, à notre avis, résume assez bien le lien historique et immédiat entre la satire et la politique en Afrique.

Nous parlons de sanctuaire comme d’un lieu protégé, fermé, secret. Cela pourrait aussi être un lieu sacré, si nous le mettons en relation avec la représentation du pouvoir politique, en Afrique, comme d’une représentation divine. Ce pouvoir, en Afrique, se consolide par les prêches des hommes religieux. De ce fait, l’objectif est d’en faire un lieu digne d’un respect absolu. Dans notre cas, l’emploi de la notion de sanctuaire recouvre surtout un endroit inviolable qu’on ne peut pénétrer facilement.

Au départ donc, le pouvoir politique constitue un sanctuaire infranchissabble pour tous. C’est un lieu investi des pouvoirs divins qu’il faut subir. La satire investit l’espace par le biais d’une dénonciation. Le fait de ridiculiser les hommes du pouvoir ramène ceux-ci à un niveau humain qui par conséquent, construit la légimité des journaux satiriques dans la société. Mais cette reconnaissance a un revers : par elle, les pouvoirs politiques acquièrent une certaine légimité aux yeux du monde. L’existence des journaux satiriques n’est-elle pas la preuve patente d’une démocratisation réussie que les dirigeants politiques peuvent faire valoir partout ? Cela a pour conséquence de faire de ces journaux un espace inviolable et donc de les constituer à leur tour comme un sanctuaire. Les deux lieux s’influencent mutuellement. Et c’est justement, entre autres, à travers cette construction particulière que peut se définir l’identité de ces journaux que nous allons examiner.