1.2. Prise de décision et Conscience de la Situation

Pour Crane (1992), la Conscience de la Situation n'est pas une construction psychologique unique. Il se concentre sur la littérature de prise de décision et affirme que la Conscience de la Situation est équivalente à l'expertise. En effet, pour l’auteur la CS est démontrée par le niveau de performance des experts. L’expertise se rapproche alors de la notion de compétence de Smith et Hancock (1995). Pour ces derniers la compétence dirige le comportement mais est indépendante de la situation. La compétence réside dans le sujet et lui permet de produire des comportements appropriés pour une tâche donnée. Crane n'est pas le seul à tenter de fondre la Conscience de la Situation avec les concepts qui ont été traditionnellement associés au jugement de la situation et à la prise de décision.

En effet, Frederico (1995) abandonne le terme de Conscience de la Situation (situation awareness). En revanche, il propose que l'évaluation de situation (situation assessment) soit la condition sine qua non à la prise de décision. Frederico définit l’évaluation de la situation de la manière suivante (1995, p107) : classer hiérarchiquement la situation (sizing-up a situation), comprendre le scénario définissant le problème, catégoriser les circonstances, construire une représentation, faire un modèle mental, peindre ou créer une image mentale. Pour Frederico, l’évaluation de la situation est le résultat de traitements dirigés par les schémas. En d’autres termes, basés sur des faisceaux de connaissance (ie : schémas) qui permettent au sujet de classer des événements, des situations, par catégories. De ce point de vue, le lien entre la Conscience de la Situation et l’Evaluation de la Situation est assez claire. En effet, l'élaboration de la CS est souvent assimilée à la compréhension de la situation ou au fait d’en avoir une image mentale (Uhlarik & Comeford, 2002). D’autres auteurs ont reconnu le chevauchement entre ces deux concepts. Par exemple, Wickens et al (1998) utilisent les deux termes de manière interchangeable. En revanche, Endsley (1993, p1) émet quelques réserves parce qu'elle (situation assessment) implique une recherche active et délibérée d'information, qui est parfois mais pas toujours présente dans l'obtention de la CS, j'estime que le terme serait assez adéquat, tant que nous le décrivons correctement et que nous le différencions clairement du produit. En d’autres termes, la crainte d’Endsley est surtout que l’utilisation du terme « Evaluation de la Situation », renvoie plus aux mécanismes mis en œuvre dans cette évaluation qu’au produit cognitif élaboré.