1.4 Théorie de l’activité et Conscience de la Situation

1.4.1 Qu’est-ce que la théorie de l’activité ?

La théorie de l'activité (AT) s’enracine dans les années 1930, par le travail des scientifiques soviétiques S. L. Rubinshtein (1889-1960) et A. N. Leontiev (1904-1979), ses fondateurs. La théorie de l'activité est un paradigme psychologique qui était une base pour l'étude du comportement de travail dans l'ancienne Union Soviétique. Dans l’AT, l’action est considérée comme l’unité principale d’analyse de l’activité. Les termes action et activité s’étendent aux actions motrices et aux activités cognitives. Chaque action est liée à des buts spécifiques et conscients qui doivent être atteints pour atteindre le but global de la tâche. En effet, l’AT suppose que les comportements sont dirigés par les buts. Ainsi, l’activité est un flot continuel d’actions délimitées par des buts intermédiaires. De ce fait, l’AT souligne la dynamique interne liée au traitement actif des images internes et des représentations cognitives (G. Z. Bedny, Seglin, & Meister, 2000). Les buts sont alors considérés comme des images idéales des futurs résultats de l’activité (G. Bedny & Meister, 1997). Par ailleurs, les processus cognitifs peuvent être décrits comme des systèmes d’actions et d’opérations mentales orientées pour atteindre un but conscient. Depuis, cette théorie est notamment utilisée dans le domaine de l’apprentissage et notamment de l’utilisation des nouvelles technologies pour l’enseignement (Linard, 1998a, 1998b; Linard, Bélisle, & Zeiliger, 1998) et plus généralement pour étudier les interactions homme-ordinateur (Kuuti, 1996).

Dans la théorie d'activité, la tâche est fondamentalement un effort de résolution de problèmes avec une représentation mentale subjective sous-jacente de la tâche (G. Z. Bedny & Karwowski, 2004, p135). Par ailleurs, pour Bedny et Meister (1999) l’activité peut être divisée en 3 étapes. (1) L’orientation, le sujet développe un modèle subjectif de la réalité. Cette image dynamique du monde fournit une interprétation cohérente de la réalité et des anticipations sur les états futurs de la situation. (2) L’exécution, inclut la prise de décision et l’exécution de l’action dirigée pour atteindre le but conscient. (3) L’évaluation fournit une appréciation du résultat de l’action produite. Cette dernière étape peut mener à corriger l’action ce qui influencera l’orientation et l’exécution. Ainsi, l’orientation peut être modifiée par les buts ou par les états internes et les résultats des actions cognitives. De ce fait, des erreurs dans l’étape d’orientation de l’activité résulte d’une mauvaise compréhension de la situation et peuvent causer des effets en cascade sur les étapes suivantes de l’activité.