2.1.1.3 Caractéristiques de l’image opérative

Ochanine définit trois caractéristiques de l’image opérative : (1) la finalisation, (2) le laconisme, (3) les déformations fonctionnelles (Ochanine et al., 1972).

La finalisation est la propriété principale de l’image opérative. En effet, Ochanine distingue l’image opérative de l’image cognitive du fait que la première se forme au cours d’une action donnée sur un objet, alors que la seconde est le reflet intégral de l’objet. Par ailleurs, nous avons vu qu’une image opérative peut ne plus être adéquate pour la tâche si au cours de l’activité le but est modifié. Le fait que l’opérateur doit continuellement ajuster son image opérative aux objectifs poursuivis est une preuve de la finalité de cette construction mentale. De plus, Ochanine souligne que la structure opérative de l’objet sera celle qui contiendra le plus petit nombre possible de relations, suffisant pour la réalisation de la tâche ou, en d’autres termes, celle qui, par le plus petit nombre possible de relations, fournira au sujet de l’action le maximum d’informations pertinentes sur l’objet (Ochanine & Chebek, 1968, p2).

Ainsi, la finalisation de l’image opérative a pour conséquence directe la sélection de l’information pertinente. En Effet, pour Ochanine l’image opérative ne retient que ce qui est directement utile à l’action, en ce sens elle est sélective. Tout doit être économique : par rapport à l’image cognitive, elle est laconique (Weill-Fassina, 1981, p65). Nous retrouvons ici l’idée que le reflet subjectif de l’objet construit dans la conscience du sujet n’est pas le reflet d’un miroir. Ochanine va plus loin dans cette idée de sélection des informations pertinentes, pour lui l’image opérative est une déformation fonctionnelle de la réalité.

La déformation fonctionnelle est l’accentuation des « points » informatifs les plus importants en fonction de la tâche visée : propriétés de l’objet, ses divers aspects, ses structures partielles (Ochanine et al., 1972, p1). Cette déformation est dite fonctionnelle tout d’abord parce qu’elle implique que le reflet soit toujours adéquat à la réalité. En outre, bien que cette déformation puisse masquer certains aspects de la réalité, elle n’est que temporaire. Elle n’apparaît qu’au moment de l’exécution des tâches intermédiaires dont se compose l’action envisagée (Ochanine et al., 1972, p2). Ensuite, cette déformation est fonctionnelle parce qu’elle vise à minimiser les possibilités d’erreurs. Pour Ochanine, la déformation fonctionnelle des images opératives vise toujours à supprimer ou à ramener au minimum l’incertitude de la situation d’action (p16). Par exemple, au moment de la confrontation de l’information-signal avec les images-étalons, la déformation fonctionnelle permet de réduire les risques d’erreur au moment de la détermination des classes de situations. Elle augmente les différences et minimise les ressemblances. Enfin, la déformation est fonctionnelle car elle manifeste la souplesse et la plasticité de l’image opérative. Il suffit que la tâche à effectuer ou les conditions concrètes de son accomplissement changent pour que la déformation fonctionnelle disparaisse complètement ou change de caractère, d’importance ou de polarité (p2).