2.3 Représentation Mentale et Conscience de la Situation

Nous avons vu dans notre première partie que la théorie de la Conscience de la Situation renvoie à l’idée de l’élaboration d’un produit cognitif afin de servir une activité en cours. Au cours de la présente partie nous avons présenté le concept d’image opérative qui s’inscrit totalement dans cette conception de l’activité humaine. Cependant, chronologiquement, il serait plus juste de dire que c’est la théorie de la Conscience de la Situation qui s’inscrit dans la lignée des travaux soviétiques sur l’activité cognitive de l’opérateur.

Quoi qu’il en soit, le champ théorique dans lequel nous nous inscrivons postule que l’activité cognitive du sujet est centrée sur l’élaboration d’un produit interne qui lui permet d’agir sur le monde : la représentation mentale de la situation soit la conscience de la situation. Cette construction mentale n’est pas permanente, sa durée de vie se limite à l’utilité qu’elle revêt pendant l’activité. De ce fait, d’un point de vue fonctionnel elle est à distinguer des connaissances permanentes de l’opérateur. Les représentations mentales sont des constructions circonstancielles (…) finalisées par la tâche et la nature des décisions à prendre (Richard, 1990). Par ailleurs, les représentations doivent être distinguées de connaissances ou des croyances (Richard, 1990, p10). Cette distinction reprend celle faite par Le Ny (1985) entre les représentations-types et les représentations occurrentes. Pour cet auteur, les représentations-types renvoient à des structures permanentes inscrites en mémoire à long terme, ce sont par exemple les représentations sociales. En revanche, les représentations occurrentes décrites par Le Ny (1985) sont transitoires. Elles correspondent à l’activation momentanée d’une représentation-type, pour un traitement particulier. En d’autres termes, les représentations occurentes sont ce que Richard (1990) appelle les représentations mentales. Si un consensus a été établi entre ces auteurs pour distinguer des structures de connaissances permanentes et des constructions mentales circonstancielles, cette distinction n’est pas si claire chez tous les auteurs. En effet, parfois le terme de représentation peut-être employé pour définir des connaissances permanentes. Par exemple, pour Abric (2003) une représentation est constituée d’un noyau central, élément stable de la représentation et d’éléments périphériques qui fonctionneraient comme une grille de décryptage de la situation. Pour l’auteur, ces éléments périphériques constitue l’interface entre le noyau central et la situation réelle dans laquelle s’élabore ou fonctionne la représentation. Notons que le champ d’étude d’Abric est celui des représentations sociales et non des représentations cognitives.

Pour la suite de ce travail, de psychologie cognitive, nous utiliserons donc le terme connaissance en ce qui concerne les structures de connaissances permanentes stockées en mémoire à long terme, et le terme de représentation mentale pour les constructions mentales circonstancielles. En outre, notre intérêt porte donc sur les constructions circonstancielles, les produits cognitifs que sont les représentations mentales. Néanmoins, plusieurs formats ont été proposés pour décrire la nature du contenu de ces représentations mentales.