2.3.1.2 Exemple d’études de l’imagerie mentale

Le statut cognitif de l’imagerie mentale retrouvé, des recherches ont alors visé à comparer l’imagerie visuelle et la perception visuelle, les deux thèmes les plus connus sont la rotation mentale et le balayage d’image mentale.

Shepard et Metzler (1971) ont étudié la rotation mentale. Des paires de stimuli étaient présentés aux sujets qui devaient dire si les deux figures étaient identiques ou non (figure 10). Pour comparer ces deux figures, il est indispensable d’en faire tourner une mentalement. Pour les auteurs, ce processus est de nature analogue à une rotation d’objets dans la réalité.

Figure 10 : Exemple de paire de stimuli utilisés par Shepard et Metzler 1971
Figure 10 : Exemple de paire de stimuli utilisés par Shepard et Metzler 1971

Par ailleurs, Kosslyn et al (1978) ont réalisé des expérimentations sur le balayage d’images mentales. Ces auteurs présentaient à leur sujet la carte géographique d’une île fictive (figure 11). Après avoir demandé au sujet de bien mémoriser les objets représentés sur la carte (eg : lac, hutte, arbre) ainsi que leurs localisations, l’expérimentateur retirait la carte. Il était alors demandé au sujet de se représenter mentalement la carte et de regarder mentalement l’un des éléments figurant sur la carte (eg : hutte). Puis, on leur indiquait un second objet (eg : arbre). Le sujet devait alors vérifier que ce second objet était présent sur la carte en imaginant un point qui se déplaçait en ligne droite du premier objet (eg : hutte) au second (eg : arbre). Lorsque le sujet avait, mentalement, atteint le second objet, il devait appuyer sur un bouton. De cette manière, Kosslyn et al mesurent le temps nécessaire au déplacement mental. Les résultats de cette expérimentation ont mis en évidence qu’à mesure que la distance réelle (ie : sur la carte) entre les objets augmentent le temps de réponse des sujets augmente. Cette étude a permis de mettre en évidence que les sujets ont pu construire une représentation mentale de la carte qui a conservé les caractéristiques spatiales de cette dernière.

Figure 11: Carte de l'île (Kosslyn et al 1978)
Figure 11: Carte de l'île (Kosslyn et al 1978)

D’autres opérations sur les images mentales ont été étudié : la comparaison d’images mentales (Paivio, 1978) ou encore des tâches de pliage (Shepard & Feng, 1972). Toutes ont suggéré que nous disposons de capacités à former et traiter des représentations analogues aux stimuli qu’elles représentent. L’image est une forme de représentation qui résulte d’une abstraction, sans toutefois que le degré atteint par cette abstraction fasse perdre à la représentation son isomorphisme structural à l’égard de la perception (Denis, 1989, p9). En outre, pour Kosslyn (1980), les processus impliqués dans la perception visuelle et dans l’imagerie mentale sont les mêmes. Si tous les auteurs ne s’accordent pas sur cette identité, il est cependant indéniable que ces processus entretiennent une étroite parenté (Denis, 1989). Toutefois, Pylyshyn (1973) reproche de ne postuler que des modes de représentations imagés ou visuels, c’est-à-dire uniquement des représentations analogiques.