2.3.2 Les représentations mentales pour l’action

Dans notre acception, le concept de représentation pour l’action dépasse le sens que lui avait attribué Bruner (1966) en parlant des représentations énactives. Selon Bruner, cette forme de représentation est liée à l'exécution de procédures et en contrôle le déroulement. Elle concerne les activités motrices mais aussi les habiletés cognitives de nature symbolique. C'est le cas des règles de jeux bien connues comme la bataille navale ou la pétanque.

En revanche, nous parlerons de représentation pour l’action afin de souligner l’aspect fonctionnel et finalisé des représentations mentales qu’un sujet élabore lors d’une activité. Ce concept se rapproche ainsi, d’une part, de la notion de « modèles mentaux » dans la mesure où les représentations pour l’action réfèrent, pour le sujet, à des propriétés constitutives de classes de situations, et d’autre part, des notions de « schémas » et de « scripts » dans la mesure où ils renvoient à des procédures mémorisées. En confrontation avec la spécificité des situations, les représentations sont, pour partie, dans le guidage et l’organisation de l’action (Weill-Fassina, Rabardel, & Dubois, 1993, p17). De ce fait, les représentations pour l’action sont à rapprocher de l’image opérative d’Ochanine, ou du concept de représentation opérationnelle que nous avons tous deux présentés plus haut. En effet, les représentations pour l’action sont élaborées en fonction de la finalité de l’activité. C’est pourquoi nous pouvons dire que leur vocation est de construire du sens sur la situation de l’activité. En ce sens, Weil-Fassina (1993) souligne leur variabilité temporelle pour une même situation de base et un même individu en fonction des buts, des circonstances et du temps.