La fin de ces séquences existantes a été choisie à la fois en fonction des TimeCode de détections des intersections (ie : données de C. Fieux) et de la dynamique de la situation associée aux modifications que nous envisagions. En outre, les données recueillies par C. Fieux nous ont fourni une sorte de guide pour les nouvelles séquences sur lesquelles nous n’avions aucune donnée. Cependant, deux contraintes « matérielles » ont également guidé le choix des séquences qui devaient constituer OSCAR. Premièrement, nous désirions que l’image finale ne soit pas en plein virage. Deuxièmement, il fallait que la qualité de l’image finale soit suffisamment bonne, et que nous soyons sûrs que l’élément que nous allions modifier soit suffisamment perceptible au moment où l’on choisissait de couper la séquence. Enfin, nous conservions notre logique « méthodologique » : si l’élément que nous allons modifier n’est pas intégré dans la représentation mentale de la situation, cette dernière sera en conflit avec la situation réelle et donc en désaccord avec les décisions qu’un conducteur devrait prendre.
L’élément à modifier devait impérativement avoir un caractère opératif pour la situation. La scène 35, (figure 42), illustre très bien cette démarche. La situation originale ne pose pas de problème en soi, si ce n’est qu’un conducteur devra se méfier du bus lorsqu’il voudra quitter son arrêt. L’ajout d’un piéton déjà engagé sur la chaussée change considérablement l’action du conducteur, qui devrait alors s’arrêter pour le laisser traverser. Il en est de même lorsque nous avons décidé, en approche d’intersection, de modifier les règles de priorité en vigueur.
La situation 22 met en scène une intersection en croix, classique, où nous sommes prioritaires. En revanche, le véhicule qui arrive à droite devient prioritaire une fois que nous avons supprimé son cédez le passage (figure 43).
Dans de nombreux cas, plusieurs éléments pertinents auraient pu être modifiés pour une même situation. Compte tenu du caractère exploratoire d’OSCAR nous avons préféré, dans un premier temps, ne modifier qu’un seul élément de la scène. Dans les cas, où nous examinions un potentiel conflit entre deux éléments opératifs de la scène, notre choix a été déterminé par la vue d’ensemble de la situation dynamique. Dans tous les cas ces modifications impliquent des hypothèses propres aux situations. Pour la scène 19 (figure 39, p121), nous avons jugé que le piéton qui s’engage à gauche aurait été analysé par la majorité des conducteurs. Nous avons alors fait l’hypothèse que selon l’expérience des sujets, ou bien selon les ressources cognitives dont ils disposeraient certains d’entre eux pourraient rester focalisés sur le piéton (risque immédiat), délaissant ainsi la voiture de droite indiquant une intersection. Nous avons donc choisi de supprimer ce véhicule afin de vérifier cette hypothèse de concurrence.
De même, pour la scène 31 (figure 44) nous avons 3 informations pertinentes mais de nature différente : deux événements, le piéton qui achève de traverser, et un à gauche qui s’apprête à s’engager mais encore sur le trottoir (à peine visible sur la scène finale) et un élément d’infrastructure, le feu qui passe à l’orange. Dans ce cas, nous n’avons pas choisi de modifier le piéton de droite. En effet, dans la dynamique de la situation il est visible dès le début de sa traversée et représente donc un centre de focalisation important. Notre hypothèse est plus facilement formulable en question : « est-ce que les sujets vont voir le feu passer à l’orange ? ». Comme pour la séquence 22 (figure 43) notre modification (ie : suppression du feu) induit un changement dans la prise de décision du conducteur. Le piéton finissant de traverser la chaussée, ne représente plus de risque, celui qui commence de traverser n’en représente pas encore si le conducteur sait qu’il se présente sur une intersection à feux dont la couleur courante est l’orange.