6.3.2 Critique de SenseAble Driving

Le premier atout de SenseAble driving est d’être à notre connaissance le premier et unique produit de ce type sur le marché. Son second intérêt est de présenter une interface conviviale et attractive. Malheureusement, certaines situations en deviennent risibles et perdent en crédibilité. L’outil est très proche du jeu.

En outre, nous notons d’autres lacunes… Nous plaçons en tête de la liste la pauvreté des scènes routières : aucun autre véhicule, aucune intersection, aucun piéton.. les seuls événements extérieurs que doit gérer le conducteur sont par scénario : un stop (que l’on peut griller sans même provoquer aucune réaction), un feu rouge et des fluctuations de limitations de vitesse. Nous jugeons que cette vision de la tâche de conduite est trop restrictive par rapport à l’activité d’un véritable conducteur automobile. Face à un environnement de conduite si pauvre, l’effet des distractions n’est parlant que lorsqu’elles entraînent une sortie de route (le conducteur a laissé trop de temps son curseur de souris dans la partie inférieur de l’écran) ou bien lors de l’évaluation finale. C’est pourquoi, nous avons du mal à considérer l’impact de cet outil. Les trois craintes que peuvent avoir l’utilisateur de SenseAble Driving sont : la sortie de route, le retard et la verbalisation. En d’autres termes, d’après cet outil on pourrait penser qu’il est dangereux de se recoiffer, ou de nettoyer l’extérieur de son pare brise à la main, tout en conduisant car on risque de finir dans le fossé, d’arriver en retard à un rendez-vous, ou d’être verbalisé… Nous pensons que le risque encouru par un manque d’attention peut être dû à des distractions plus incidieuses, c’est-à-dire à des activités devenues banales pour le conducteur. Qui plus est, ces activités ne nécessitent pas forcément d’abandonner le contrôle moteur du véhicule. Selon nous, le but d’un outil de sensibilisation n’est pas de pousser à l’extrême un comportement que les utilisateurs pourront trop facilement rejeter, mais de leur montrer que ce qu’ils font tous les jours peut, dans certains cas, être risqué. C’est pourquoi nous pensons que si la mise en œuvre d’un mini-simulateur de conduite offre au produit un aspect attractif, nous jugeons qu’il devient trop simpliste, trop caricatural et trop ludique pour permettre un transfert vers la situation réelle de conduite.