Chapitre 1 Reconnaissance
visuelle des mots et modèles de lecture

1-1 Identité des lettres et codage de la position

Selon une conception largement admise aujourd’hui, la reconnaissance visuelle des mots dans les écritures alphabétiques passe par le traitement des lettres qui les composent (e.g., Bowers, 2000 ; Evett & Humphreys, 1981 ; Grainger & Jacobs, 1996 ; McClelland & Rumelhart, 1981 ; Paap, Newsome, McDonald & Schvaneveldt, 1982 ; Rayner & Pollatsek, 1989), bien que certains auteurs continuent de défendre l’idée d’une reconnaissance holistique des mots dans la lecture (e.g., Allen, Wallace & Weber, 1995 ; Cattell, 1886 ; Healy & Cunningham, 1992). On considère en général que le lecteur extrait une représentation abstraite de l’identité de chaque lettre, indépendante de la casse, de la taille ou de la typographie (Adams, 1979 ; Besner, 1989 ; McClelland & Rumelhart, 1981 ; Paap et al, 1982 ; Paap, Newsome & Noel, 1984 ; Rayner, McConkie & Zola, 1980).

Toutefois, au cours de la mise en correspondance des lettres avec la représentation orthographique stockée dans le lexique mental, l’information concernant la position des lettres doit également être codée. L’importance du codage de la position est évident dans les langues alphabétiques comme le français ou l’anglais qui possèdent de nombreux mots anagrammes. En effet, nous sommes capables de distinguer des mots différents contenant les mêmes lettres comme « crier et cirer » via le codage de la position des lettres. De même, nous sommes capables de reconnaître que « crire » n’est pas un mot de la langue française. Toutefois, la question concernant la manière d’encoder la position des lettres n’est pas encore complètement résolue.