2-1-2 Le paradigme de la position variable du regard

L’existence d’un effet de la position du regard dans le mot a été répliquée avec des mesures autres que celles des mouvements oculaires. Les latences et les erreurs mesurées dans des tâches de dénomination et de décision lexicale tendent à être minimales lorsque les yeux fixent légèrement à gauche du centre du mot. Plus précisément, la Figure 2 présente un effet de la position du regard dans le mot typique obtenu dans une tâche de décision lexicale pour des mots français de 5 et 7 lettres (d’après Nazir, 1993). Les performances ont été mesurées via la technique de la position variable du regard (voir Figure 2, panel de droite). Comme le montre le graphique de gauche de la figure, les pourcentages de reconnaissance d’un mot sont optimums lorsque la position du regard est légèrement à gauche du centre du mot, et diminuent progressivement à mesure que l’œil dévie de cette position optimale (« optimal viewing position », OVP). De plus, les fixations du regard situées sur le début du mot (positions 1 et 2) tendent à donner lieu à de meilleures performances de reconnaissance que les fixations situées sur la fin du mot (positions 4 et 5). Cette variation des performances en fonction de la position du regard dans le mot porte le nom générique d’effet de la position du regard dans le mot (EPR par la suite). La courbe de l’EPR dans les mots présente classiquement la forme d’un « J-inversé », c’est à dire une asymétrie à gauche, du moins dans les langues romanes 5 comme le français, l’allemand ou l’anglais par exemple.

Figure 2. À gauche, courbes classiques de l’effet de la position du regard pour des mots de 5 lettres (symboles pleins) et des mots de 7 lettres (symboles vides). À droite, illustration de la technique de la position variable du regard pour un mot de 5 lettres. Cette méthode consiste à demander au sujet de fixer un point situé au centre de l’écran d’un ordinateur. Il est ensuite remplacé par un mot présenté très brièvement, pendant un temps inférieur à une saccade oculaire de manière à contrôler la position du regard dans le mot. Le mot apparaît à différentes positions par rapport au point de fixation (Reproduit à partir de Nazir, 1993).

Notes
5.

Les langues romanes constituent l’ensemble des langues dérivées du latin (anglais, espagnol, français, italien, etc.).