2-2-4 Contraintes lexicales et structure informative des mots

Une vision plus robuste concernant l’influence des contraintes lexicales sur la reconnaissance des mots postule que l’EPR serait lié à la structure informative des mots. Dès l’introduction du paradigme de la position variable du regard, O’Regan et al. (1984) ont souligné le fait que généralement plus de mots partagent les mêmes lettres finales que de mots ne partagent les mêmes lettres initiales, du moins en anglais et en français (e.g., Clark & O’Regan, 1999 ; O’Regan et al., 1984). Ainsi, en raison des plus fortes contraintes lexicales exercées sur les premières lettres comparativement aux dernières lettres, il est plus avantageux de fixer le début d’un mot que la fin d’un mot. Toutefois, l’hypothèse de la contrainte lexicale comme unique contributeur à l’asymétrie de l’EPR est remise en cause par les mots dont l’informativité se situe à la fin de la séquence, lesquels ne présentent pas d’asymétrie inversée à droite de la fonction de l’EPR mais, une position optimale au centre des mots (e.g., Brysbaert et al., 1996 ; O’Regan et al., 1984).

En résumé, le phénomène de l’EPR dans les mots ne peut être expliqué par l’asymétrie gauche droite de la lisibilité des lettres ou par la distribution de l’information lexicale dans le mot uniquement ; plutôt l’EPR dans les mots semble tirer son origine de la combinaison de plusieurs facteurs incluant les facteurs visuels, les habitudes de lecture, la distribution de l’information lexicale dans le mot et probablement les différences fonctionnelles hémisphériques lors du traitement du langage (e.g., Brysbaert et al., 1996).

Un premier pas vers une réconciliation de ces principales théories a récemment été réalisé par le développement de modèles qui considèrent que l’EPR dans les mots est dû à une combinaison de la lisibilité des lettres et des facteurs lexicaux (Clark & O’Regan, 1999 ; Kajii & Osaka, 2000 ; Stevens & Grainger, 2003).