4-1-2 Mesure d’ambiguïté du mot

Sur la base des quatre lettres les plus visibles, ces auteurs ont calculé statistiquement, à l’aide de dictionnaires, une mesure de l’ambiguïté lexicale d’un mot, définit comme le nombre de mots qui possèdent les mêmes 4 lettres visibles à ces positions. Par exemple, lorsque le mot anglais de 9 lettres « SCATTERED » est fixé entre la 3° et la 4° lettre (i.e., entre le « A » et le « T »), le patron visuel formé est la séquence suivante « S*AT**D », où « * » indique les lettres non reconnues. L’ambiguïté est estimée par la moyenne du nombre d’entrées compatibles avec les lettres identifiées. La longueur du mot est supposée connue (voir la Figure 12 pour une illustration).

Figure 12. Illustration théorique du nombre de mots compatibles avec l’information visuelle disponible lorsqu’un sujet fixe le mot anglais de 13 lettres « UNDERGRADUATE », A) vers le milieu du mot (i.e., entre la 5° et la 6° lettre) et, B) vers le début du mot (i.e., entre la 3° et la 4° lettre) (Figure tirée de Clark et O’Regan, 1999).

L’analyse statistique à partir de bases de données de mots anglais et français a ainsi révélé que la position optimale du regard (OVP) est proche de la position qui minimise l’ambiguïté du mot à partir de la reconnaissance incomplète du mot. Plus précisément, lorsque la fixation est légèrement à gauche du centre du mot, très peu de mots sont compatibles avec les 4 lettres les plus visibles ; cependant lorsque la fixation se situe vers les extrémités du mot, l’ambiguïté augmente car de plus en plus de mots partagent le même ensemble de lettres visibles (voir Figure 13). L’analyse théorique menée par Clark et O’Regan (1999) n’a cependant pas été testée empiriquement.

Figure 13. Mesures d’ambiguïtés en fonction de la position du regard relativement au centre du mot calculées pour des mots français de différentes longueurs à partir de la base de donnée « un Trésor de la Langue Française » (Figure tirée de Clark et O’Regan, 1999).