4-5-4 Objectifs de la contribution expérimentale

La partie expérimentale qui suit a pour objectif de tester les prédictions du modèle CLIP (Kajii, 2000) afin de mieux rendre compte du phénomène de l’EPR au cours de la reconnaissance visuelle des mots. Étant donné les limitations, précédemment mentionnées, des modèles de Stevens et Grainger (2003) et de Clark et O’Regan (1999), seul le modèle CLIP (Kajii, 2000) nous a guidé dans l’élaboration de nos hypothèses de travail et dans la mise en place de notre cadre expérimental.

Le modèle CLIP postule deux moyens par lesquels l’identification d’un mot peut avoir lieu : Par une identification perceptive totale de toutes les lettres constitutives du mot (CLIP total) ou par une inférence lexicale à partir de l’identification de quelques lettres du mot (CLIPs partiels).

Dans le cadre de ce présent travail, nous allons poursuivre l’évaluation de ce modèle. Dans ce contexte, nous allons tester la « réalité » des processus d’identification perceptive totale et d’inférence lexicale, impliqués dans la reconnaissance visuelle des mots. Dans ce but, une tâche d’identification perceptive de mots et de pseudomots, combinée au paradigme de la position variable du regard, a été conduite. La logique de cette approche prévoit que l’identification correcte d’un pseudomot n’est possible que par la procédure d’identification totale, l’inférence lexicale mettant en jeu la récupération de la représentation lexicale du stimulus. Néanmoins, de la même manière que les mots, les CLIPs partiels identifiés à partir des pseudomots activent également des candidats lexicaux (e.g., Coltheart, Curtis, Atkins, & Haller, 1993 ; Coltheart, Rastle, Perry, Langdon, & Ziegler 2001 ; McCann & Besner, 1987) et tendraient à donner lieu à des erreurs de « lexicalisations ».

La comparaison des processus impliqués dans l’EPR, dans une tâche d’identification perceptive et dans une tâche de décision lexicale, permettra, en outre, d’avancer des hypothèses sur la spécificité des processus concernés.