5-1-2 Résultats et discussion

La Figure 20 présente les pourcentages d’identifications correctes obtenus pour les mots et les pseudomots en fonction de la position du regard dans le stimulus. Bien que les mots soient, en général, mieux identifiés que les pseudomots, les courbes de l’EPR dans les mots et dans les pseudomots décrivent toutes deux une forme classique de « J » inversé, laquelle est moins prononcée dans le cas des mots.

Figure 20. Pourcentages d’identifications correctes et erreurs standard obtenus pour les mots et les pseudomots en fonction de la position du regard dans le stimulus (Expérience 1).

Les scores de réponses correctes ont été soumis à une analyse de variance (ANOVA) comportant la catégorie lexicale (mots vs pseudomots) et la position du regard dans le stimulus (position de 1 à 5) comme facteurs intra sujets. À l’issue de cette analyse, des effets significatifs de la catégorie lexicale [F(1,19)=305.3, p<.0001], de la position du regard dans le stimulus [F(4,76)=30.1, p<.0001] ainsi que de l’interaction entre ces deux facteurs [F(4,76)=5.4, p<.001] ont été mis en évidence. Ainsi les pourcentages d’identifications correctes étaient supérieurs pour les mots par rapport aux pseudomots.

Des analyses réalisées séparément pour les deux catégories lexicales avec la position du regard comme facteur ont mis en évidence une variation significative des performances en fonction de la position du regard pour les mots [F(4,76)=8.4, p<.0001] et, pour les pseudomots [F(4,76)=37.1, p<.0001]. Les performances d’identifications étaient meilleures lorsque le regard se posait sur le début de la séquence (positions 1 et 2) plutôt que sur la fin de la séquence (position 4 et 5 ; F(1,19)=16.6, p=.0006 et F(1,19)=49.2, p<.0001 respectivement pour les mots et les pseudomots).

Comme précédemment décrit dans la littérature, on retrouve un EPR classique dans les mots sur les pourcentages de réponses correctes au cours d’une tâche d’identification perceptive (e.g., Brysbaert et al., 1996 ; Kajii & Osaka, 2000 ; Montant et al., 1998 ; Nazir et al., 1992 ; Stevens & Grainger, 2003). La reconnaissance du mot est maximale lorsque les participants fixent légèrement à gauche du centre et diminue à mesure que l’œil s’écarte de cette position optimale avec une diminution plus importante lorsque les positions du regard sont situées à la fin du mot par rapport aux fixations sur le début du mot. Par ailleurs, on observe dans les pseudomots, un EPR de forme similaire à celui obtenu pour les mots. Toutefois, le niveau de performance pour les pseudomots reste inférieur à celui observé pour les mots, comme indiqué par la différence de hauteur des courbes.

Dans le but de rendre compte de la différence entre les réponses correctes pour les mots et pour les pseudomots, nous allons proposer une simulation des données empiriques de l’expérience 1, avec le modèle CLIP.