8-2-3 CLIP-total ou identification perceptive totale

Dans toutes nos simulations, nous avons estimé le CLIP-total à partir des performances d’identification obtenues pour les pseudomots, c’est-à-dire la probabilité de rapporter une séquence de lettres sans l’aide du lexique mental. Ce processus a été référencé comme étant une “ perception totale ”. Cependant, la reconnaissance correcte des pseudomots n’est pas basée sur des facteurs perceptifs « purs », étant donné que les performances d’identification de séquences de lettres sans signification varient énormément en fonction de la régularité orthographique (e.g., Baron & Thurston, 1973 ; Carr, 1986 ; Henderson, 1982 ; Massaro & Cohen, 1994). La Figure 48ci-dessous présente les probabilités d’identifier correctement des séquences de lettres sans signification, variant selon leur degré de régularité orthographique (pseudomots légaux (PML), pseudomots illégaux (PMI), et nonmots (NM), cf., Annexe 6 pour la méthode).

Figure 48. Pourcentages d’identification correctes obtenus en fonction du type de stimuli (mots, pseudomots légaux (PML), pseudomots illégaux (PMI), et nonmots (NM)) et de la position du regard dans le stimulus.

Ainsi que présenté dans la Figure 48, la familiarité orthographique a un impact conséquent sur la probabilité de reconnaître une séquence de lettres sans signification. La supériorité des pseudomots orthographiquement légaux sur les pseudomots orthographiquement illégaux et sur les nonmots indique clairement que des facteurs liés à l’apprentissage (autres que le lexique mental) contribuent à la perception des pseudomots. Il est intéressant de noter, par ailleurs, que si les performances d’identification pour les PMI avaient été utilisées lors de l’estimation des aspects perceptifs de la reconnaissance de mots, le modèle n’aurait pas permis de prédire correctement les performances des sujets.

Le fait que la familiarité orthographique provienne du développement d’unités “ sous-lexicales ”, améliorant la perception du groupement de lettres familier, comme le lexique mental, reste à être déterminé. Il est également important de rappeler que les résultats de l’expérience 3 montraient que les séquences de lettres présentées verticalement nécessitaient une augmentation importante du temps de présentation (10 cycles) pour atteindre le niveau de performance obtenu avec la présentation horizontale. Ainsi, la familiarité visuelle semble également contribuer à la perception des pseudomots. Ces différents points nécessiteraient d’être clarifiés afin de mieux contrôler les aspects “ perceptifs ” de notre modèle.