L’indianisation de la haute Birmanie

L’arrivée des émigrants indiens est, d’un point de vue général, mal connue et ne transparaît, dans le contexte birman, qu’à travers des légendes. À l’inverse du sud du pays où diverses traditions proposent chacune leur version quant à la venue des Indiens, versions qui varient d’un lieu à l’autre, les établissements de la zone septentrionale se réfèrent à la fondation de Tagaung. La légende concerne un personnage nommé Abhiraja, prince du clan des Sakya de Kapilavastu, clan et ville bien connus pour être ceux du Bouddha. Il arriva en haute Birmanie avec son armée et fonda la ville de Sankissa, c’est-à-dire Tagaung, et se proclama roi. À sa mort, ses deux fils se partagèrent son royaume. Le plus âgé obtint l’Arakan, et le plus jeune régna sur Tagaung, où une dynastie de 31 rois lui succéda jusqu’à l’invasion des armées venues de l’est. À l’époque du Bouddha Gautama, un second clan de Ksatriyas originaire de la vallée du Gange s’installa dans la capitale avec Dazaraja 14 à sa tête. Ce dernier épousa la veuve de l’ancien roi et fonda une seconde dynastie dont les seize générations sur Tagaung, avant que le royaume ne fut de nouveau détruit par des envahisseurs étrangers 15 . Le plus âgé des fils de Dazaraja parvint à s’enfuir dans la région de Prome où son descendant Duttabaung fonda la capitale Sri Ksetra 16 . On constate ici une divergence entre cette légende et celle de Sri Ksetra qui mentionne, avant la naissance de Duttabaung, la fuite de deux frères aveugles de Tagaung, et non l’unique évasion du fils aîné. Néanmoins, au-delà des ces différences, ces deux récits font venir tous ces Indiens de la vallée du Gange, alors que dans le cas de la Basse Birmanie, leurs provenances géographiques sont multiples. Des Indiens, les Pyu ont surtout emprunté les croyances religieuses, le brahmanisme et essentiellement le bouddhisme, des langues et une écriture. Ils ont également adopté la titulature royale sanskrite.

De quelques souverains pyu de la dynastie Vikrama, on possède, gravés sur leurs urnes funéraires, les nom, dates de mort (en ère birmane) et l’âge atteint à ce moment là de quatre rois, peut-être successifs (ph. 73 à 75 ; pl. XXIV, XXV) :

Notes
14.

On trouve également l’orthographe Dasaraja.

15.

Dans le cas de la deuxième dynastie, la légende ne précise pas qui étaient ces envahisseurs.

16.

Majumdar 1963, p. 218.

17.

Luce 1985, p. 48.