Les fortifications

Le rempart présente un plan rectangulaire presque carré, dont chaque côté mesure environ trois kilomètres: sa surface totale est donc d’environ 9 km². Seuls trois côtés sont fortifiés, la face ouest étant fermée par un lac artificiel alimenté par la rivière Yanpe. Les murs de briques nord et sud s’élèvent aujourd’hui sur une hauteur de deux mètres, et atteignaient probablement trois à quatre mètres à l’époque. Leur épaisseur est d’environ 2,5 m (ph. 4 ; pl. II). L’enceinte ne présente pas de douves sur son contour extérieur mais une sorte de canal profond de 2 m, large de 4,5 m et distant d’environ 25 m de la muraille 24 . La face nord, dans sa moitié ouest, est légèrement inclinée nord-est/sud-ouest, tandis que la moitié est s’incline selon une orientation opposée, la “cassure” se formant au niveau d’une porte. La jonction entre les murs nord et est forme un angle droit. La face orientale est rectiligne puis se courbe pour marquer un angle sud-est très arrondi. Le mur méridional présente un tracé relativement irrégulier, dessine un angle obtus au sud-ouest puis s’interrompt brusquement. Les portes sont constituées de deux murs parallèles, placés perpendiculairement par rapport à l’enceinte et formant une sorte de couloir de 4 à 5 m de large sur 25 m de long, et remontent à l’époque de construction des murailles (ph. 6 à 9 ; pl. II, III). Deux se trouvent percées sur la face nord, et une sur la face orientale qui ne présente qu’un seul mur en retour d’angle, à droite de l’entrée. Des deux ouvertures au nord, celle de l’est possède des murs plus massifs que sa voisine. D’énormes gonds en fer ont été retrouvés, et indiquent par leur emplacement la présence d’une double fermeture, dans le couloir, par des portes en bois. De nombreux accès permettent aujourd’hui de pénétrer à l’intérieur de la ville, mais une majorité d’entre eux, si ce n’est la totalité, sont en réalité des brèches ouvertes à différentes époques ultérieures pour le passage de chemins et de routes.

Figure 1. Beikthano - les portes de la ville
Figure 1. Beikthano - les portes de la ville

(d’après Kan Hla 1979)

Une large ouverture a d’ailleurs été percée dans le mur est pour l’installation d’une voie de chemin de fer au cœur du site, projet qui fut par la suite abandonné. La présence d’autres portes similaires à celles de la face nord est envisageable car celles-ci n’étaient pas visibles avant la campagne de fouilles des années 1960, il est même possible que le nombre de douze, avancé par la tradition, soit un fait réel 25 . Les briques qui constituent ce rempart portent des traces de doigts imprimées dans l’argile fraîche (ph. 3, 10 à 12 ; pl. I, IV). En Birmanie, ces marques dont l’usage était très répandu dans les civilisations anciennes, se rencontrent exclusivement, semble-t-il, sur des sites d’occupation antérieure à la prise de pouvoir par les Birmans. De même que les villes pyu, les constructions de l’ancien pays Môn des terres du Sud utilisaient également ces traces sur les briques. Plusieurs hypothèses quant à l’utilité de ces marques sont possibles. Certains y voient la “signature” d’atelier de production ; elles peuvent également permettre de connaître le rendement de chaque ouvrier et de le payer en conséquence. D’un point de vue technique, ces rainures augmentent l’adhérence des briques entre elles, favorisant ainsi la stabilité du mur et la solidité du rempart. Les dimensions des briques utilisées pour le mur d’enceinte appartiennent à trois gabarits différents 26  : 50 x 26,25 x 8,75 cm, 47,5 x 23,75 x 7,5 cm, et 43,5 x 21,25 x 6,25 cm. Ces dimensions importantes disparaissent, de même que les traces de doigt, dès le début de la domination birmane sur l’ensemble du territoire.

Notes
24.

U Kan Hla 1979, p. 96.

25.

Aung Thaw 1972, p. 3.

26.

Stargardt 1990, p. 155.