Les édifices bouddhiques

Il semble difficile de dater l’émergence du bouddhisme au sein du peuple pyu, les témoignages archéologique sont peu concluants sur cette question. Néanmoins, on peut dire que les premiers bâtiments bouddhiques apparaissent au milieu du IVème siècle, ce qui n’empêche pas que l’adoption du bouddhisme lui-même, en tant que religion, par la population, puisse leur être antérieure. La première construction concernée est un monastère, identifié par le numéro KKG2 (ph. 22-23 ; pl. VIII). Il se trouve dans la partie nord du site, à peu près à mi-chemin entre la porte KKG13 et la citadelle. C’est une structure rectangulaire mesurant 29 m de long et 10 m de large, précédée au centre de la face est par une avancée marquant l’unique accès. Ce corps d’entrée est également rectangulaire avec une largeur de 6 m et une profondeur de 4 m. L’espace intérieur est divisé en deux dans le sens de la longueur de manière symétrique. La partie ouest est subdivisée en huit pièces égales, des cellules mesurant 3 x 2,85 m. La moitié est ne possède pas de cloisonnement interne, ce qui donne une pièce de 26,85 x 2,62 m, sans doute une salle de réunion. Les murs extérieurs et celui divisant l’espace en deux moitiés possèdent une épaisseur de 1,35 m, les cloisons de chaque chambre sont épaisses de 50 cm. Les portes de ces cellules sont placées au centre du mur oriental avec en face d’elles une fenêtre percée dans la face ouest. Ce bâtiment a été interprété comme un monastère par sa ressemblance frappante avec d’autres exemples connus en Inde du Sud, notamment ceux de Nagarjunakonda (IVème siècle de notre ère), et par sa présence dans un ensemble de monuments bouddhiques 34 composé d’un stupa, d’un sanctuaire (?) et de ce bâtiment monastique.

Figure 8. Beilthano – le complexe religieux
Figure 8. Beilthano – le complexe religieux

(d’après Stargardt 1990)

Les stupas présents sur le site de Beikthano sont tous construits de brique et se comptent au nombre de quatre, numérotés KKG3, 6, 14 et 18. Les trois derniers sont des édifices isolés, tous semblables par leur style et leurs dimensions. Le KKG6 est placé à l’ouest tout près de la citadelle, le KKG14 est situé dans le secteur nord du site (ph. 26 ; pl. IX), et le KKG18 se trouve à l’extérieur de l’enceinte nord. Des urnes funéraires et des corps inhumés ont été retrouvés autour de ces bâtiments 35 .

Figure 9. Beikthano – la structure KKG18
Figure 9. Beikthano – la structure KKG18

(d’après Stargardt 1990)

Le KKG3, le plus important par sa taille, est associé au monastère précédemment décrit (ph. 24 ; pl. VIII). Ce stupa qui s’élève actuellement sur une hauteur de 3 m repose sur une base circulaire de 9,3 m entourée de quatre plates-formes presque carrées mesurant 3,3 x 3 m. Cette structure centrale est entourée par une double enceinte d’une quarantaine de mètres de diamètre. Les murs de cette double enceinte sont épais de 2,1 m, espacés l’un de l’autre de 3 m, et n’atteignent aujourd’hui qu’une hauteur de 30 à 90 cm. Quatre plates-formes sont réparties autour de cette enceinte et placées dans l’alignement des quatre plates-formes disposées autour du stupa central. Trois pièces de monnaie pyu en argent ont été retrouvées, ainsi que quelques tessons de céramiques estampées portant des symboles indiens de bon augure et de nombreuses perles en pierres semi-précieuses 36 . Deux phases de construction ont pu être déterminées pour le stupa central. Dans un premier temps, il fut directement édifié sur le substrat naturel du sol, comme toutes les constructions de la capitale, puis, dans un second temps, des réaménagements auraient été entrepris dans la zone sud du bâtiment. La structure numérotée KKG4, accompagnant le monastère et le grand stupa, présente un plan carré d’environ 14 m de côté (ph. 25 ; pl. IX). Elle possède un accès unique, ouvert au sud-est.

Notes
34.

Stargardt 1990, p. 196.

35.

Stargardt 1990, pp. 153-54 & 205-06.

36.

Stargardt 1990, p. 202 ; fig. 88a, p. 271 & fig. 95, p. 282.