Maingmaw

Le site de Maingmaw 41 se trouve à 80 km environ au sud de Mandalay et à une trentaine de kilomètres à l’est de la ville de Kyaukse, par 21°17’ de latitude nord et 76°12’ de longitude est, en bordure du plateau Shan. Il est établi au sud du fleuve Panlaung et traversé par le canal Nathlwe qui suit un parcours oblique par rapport aux orientations cardinales (cartes 2 et 19).

Cette ancienne ville, qui a sans doute revêtu une importance majeure en son temps, n’a jamais fait l’objet de fouilles archéologiques à sa mesure et on n’y a mené, semble-t-il, que des investigations sporadiques. On y trouve néanmoins les caractéristiques de l’urbanisme pyu, à savoir un rempart, ici de plan circulaire, qui enferme une large surface à l’intérieur de laquelle se pratiquait la riziculture. L’espace urbain est fortement hiérarchisé avec, à l’intérieur de la ville forte, une citadelle, ou peut-être un ancien quartier palatin, de plan rectangulaire qui renfermait peut-être l’ancien quartier résidentiel des hommes de pouvoir. Au centre de cette citadelle on rencontre un troisième espace fortifié de forme circulaire, à l’intérieur duquel sont édifiées des pagodes, peut-être d’origine ancienne mais constamment rénovées, la principale étant la Nandawya (ph. 36 ; pl. XII). Des canaux sillonnent l’ensemble du site tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des murs et l’on note la présence d’un grand réservoir au nord-ouest de l’enceinte. Le dernier élément décelable en surface et typique de la civilisation pyu, en terme d’urbanisme, est la présence supposée d’une terrasse funéraire située extra muros, dans la partie sud-est. Notons aussi que les briques portent des traces de doigts imprimés dans l’argile encore fraîche, qu’elles sont d’un gabarit important et qu’elles sont mal cuites (ph. 35 ; pl. XII).

Le rempart trace un ovale mesurant environ 3 km d’est en ouest, et 2,5 km du nord au sud. Au centre de la ville demeurent les traces de la citadelle qui mesure environ 1 km de large 42 .

Le mur de rempart est difficile d’accès à cause de la végétation qui s’est accumulée en s’appuyant contre ses parois. Cette concentration végétale facilite néanmoins la lecture du tracé de la ville qu’elle rend plus évident dans le paysage (ph. 31-32 ; pl. XI). Certaines sections du rempart sont toutefois accessibles, notamment à l’endroit où demeurent les vestiges d’une porte nommée, d’après la tradition locale, Shwedaga (« la porte dorée »), c’est-à-dire dans la zone sud-est de la muraille (ph. 33 ; pl. XI). Les restes du mur sont peu élevés mais massifs et laissent apparaître de nombreux joints verticaux dans la construction.

L’espace intra muros est occupé, de nos jours encore, par d’abondantes rizières. Les stupas et édifices religieux construits au centre de la ville font régulièrement l’objet de restaurations qui masquent l’aspect d’origine.

Une coupe d’argent datant du VIème siècle de notre ère et gravée d’une inscription en pyu a été retrouvée sur le site, ainsi que de nombreuses briques portant des symboles 43 . Des urnes funéraires, des perles et des monnaies typiquement pyu étaient également présentes dans cette ville 44 . Des aménagements d’irrigation anciens sont visibles sur les photographies aériennes, et, à l’extérieur comme à l’intérieur de l’espace urbain, on distingue de nombreux canaux, alimentés jadis par le Panlaung et formant un réseau dense.

Des vestiges de structures en brique sont visibles dans la moitié orientale de l’espace fortifié, ainsi qu’à l’extérieur, l’un d’entre eux étant peut-être une terrasse funéraire comme nous l’avons déjà évoqué. Parmi les autres, il a été possible d’identifier un stupa cerné d’une enceinte rectangulaire ou carrée, semblables à ceux de Beikthano numérotés KKG14 et 18. Des sondages effectués par les équipes birmanes ont mis au jour une pierre portant une inscription. L’écriture, la langue et la préparation de la pierre seraient, selon J. Stargardt, similaires à celles que l’on voit à Halin et Sri Ksetra 45 . Une datation antérieure au site de Beikthano, c’est-à-dire avant le IIème siècle avant notre ère, a été plusieurs fois avancée mais des réserves sont émises au regard du matériel épigraphique qui date, pour sa part, de la fin du IVème ou début du Vème siècle de notre ère 46 .

Figure 11. Maingmaw – le réseau hydraulique
Figure 11. Maingmaw – le réseau hydraulique

(d’après Stargardt 1990)

Notes
41.

On le rencontre parfois sous les orthographes Mongmai, Mongmao Maingmao, ou encore Hmaingmaw.

42.

Nous reprenons ici les dimensions fournies par le texte de J. Stargardt (1990, p. 123) mais elles ne correspondent pas avec les deux plans qui accompagnent cette description : ces plans sont théoriquement à l’échelle du 1/24 000 mais ils ne sont pourtant pas de taille similaire lorsqu’on les superpose. Ni pour l’un ni pour l’autre, aucun des deux plans n’approche 3 km d’est en ouest si l’on se réfère à l’échelle indiquée. Il est donc difficile de savoir si les dimensions données dans le texte sont justes, et qu’elles sont mal reportées sur les plans, ou s’il faut considérer l’inverse, c’est-à-dire que l’un des plan est correct, sans savoir lequel, et qu’une erreur s’est glissée dans le texte. On abordera donc la taille du site avec quelques prudentes réserves.

43.

Aung Myint & Moore 1991, p. 85.

44.

Aung Thwin 1982, p. 18.

45.

Stargardt, 1990, p. 124.

46.

Stargardt, 1990, p. 124.