Les aménagements hydrauliques

Dans la vallée du fleuve Mu, où Halin est établie, le plus important canal est celui de Muhaung, un aménagement ancien qui connut divers remaniements notamment au cours de la période coloniale. Son cours se développe selon un axe nord-sud, le long de la chaîne de Maingwun, à 6,5 km vers l’ouest de celle-ci, au niveau où la pente inclinée d’est en ouest se trouve suffisamment marquée pour ne nécessiter qu’une seule retenue d’eau en aval de la dénivellation. Ce canal prend sa source au fleuve Mu, au nord, et croise diverses rivières, plus ou moins saisonnières s’écoulant d’est en ouest, qui accroissent son alimentation. Des nombreux réservoirs qui suivent la course du canal en amont de Halin, trois semblent avoir été en activité à la période pyu et associés à son système d’irrigation 61 . Il s’agit, en allant du nord vers le sud, du Singut, du Gyogyi 62 et du Tagantha. Ils se trouvent face à la ville de Shwebo, de l’autre côté du canal Muhaung auquel ils sont reliés. Plus proche de la capitale, on rencontre quatre réservoirs dont trois de taille importante. Le plus petit, le plus éloigné de la ville et le plus méridional, est celui de Thazin qui couvre une surface de 3100 x 2700 m ; les trois autres sont celui de Halingyi à l’est dont les dimensions s’élèvent à 6400 x 3200 m, celui de Hladaw à l’ouest qui mesure 6500 x 4200 m, et enfin celui de Kadu au sud, dont la taille atteint 9100 x 4200 m. La capacité de surface d’irrigation de ces réservoirs a été évaluée entre 7 000 et 10 000 hectares pour les trois derniers, et 3 000 hectares pour celui de Thazin 63 . À proximité immédiate de l’angle sud-est du rempart se trouve le réservoir Nagayone qui, d’origine ancienne sans doute, est associé dans la légende de fondation à Karabaw et considéré comme son premier travail d’envergure pour amener l’eau jusqu’à Halin. Huit petits réservoirs intra muros ont été décelés d’après les images aériennes. Tous se situent dans la partie sud de la ville, mais la couverture végétale qui s’étend sur le site limite la lecture de ces images 64 . Les bordures de quelques anciennes parcelles cultivées sont visibles à l’extérieur de l’enceinte, au sud-ouest, ainsi que dans le secteur nord intra et extra muros. Le système hydraulique général semble avoir fonctionné à son maximum pendant la dernière phase d’existence de la ville, c’est-à-dire du VIIème au IXème siècle, période durant laquelle les relations avec Sri Ksetra auraient été soutenues.

La présence de grands réservoirs dans une large périphérie et celle de petites réserves d’eau aux abords immédiats de la ville, a poussé J. Stargardt a conclure que le système d’irrigation de Halin ne pouvait permettre qu’un développement agricole d’appoint, suffisant à la subsistance des habitants mais ne donnant aucun surplus susceptible d’être exporté. Cette hypothèse est renforcée par la position stratégique de cette capitale sur la route qui menait de Chine en Inde, position qui laisse supposer qu’elle jouait un rôle important dans les échanges commerciaux. De plus, les Pyu qui occupait cette région ont maintenu, et peut-être développé, l’exploitation minière notamment l’extraction du sel, des mines se trouvant au sud de la cité au-delà des murailles. L’économie de Halin semblerait donc avoir été solidement basée sur des activités commerciales et minières beaucoup plus que sur l’exploitation de ses ressources agricoles.

Figure 15. Halin – le réseau hydraulique
Figure 15. Halin – le réseau hydraulique

(d’après Stargardt 1990)

Notes
61.

Stargartd 1990, p. 76.

62.

Ce réservoir est mentionné sous cette orthographe dans le texte de Stargartd p. 76 (1990), et se trouve orthographié Gyogya sur le schéma de la vallée du Mu (fig. 10, p. 49).

63.

Stargartd 1990, pp. 77-78.

64.

Stargardt 1990, p. 81.