Les aménagements urbains, religieux et funéraires

À l’image des deux autres capitales pyu, Sri Ksetra n’échappe pas à la règle d’une citadelle renfermant un palais dans la zone centrale de la ville. Ici, la citadelle, cernée d’une douve alimentée par des canaux, est légèrement décalée en sud-ouest par rapport au centre géométrique de la ville. Elle est de plan rectangulaire, ses dimensions extérieures (env. 550 m de long et 400 m de large) Celles-ci sont plus importantes que pour Beikthano, mais plus petites qu’à Halin. Décalés au sud-ouest, comme l’est la citadelle à l’intérieur de la ville, les vestiges du palais montrent également une structure rectangulaire mesurant approximativement 150 x 100 m. Dans la Nouvelle Histoire des T’ang, ce palais royal est brièvement décrit comme une résidence somptueuse, dotée de deux cloches, l’une d’or et l’autre d’argent, servant à prévenir de l’arrivée éventuelle d’ennemis. Ce texte mentionne également la présence d’une statue blanche d’environ trois mètres de haut, placée face à la porte du palais 73 . À l’extérieur de la capitale, au sud des fortifications, se trouve une autre citadelle munie d’un double rempart et de plan carré. Elle porte le nom de Beikthanomyo, en souvenir de la légende qui relate l’enlèvement par Duttabaung de la princesse Panthwar qui régnait sur la ville de Beikthano (ci-dessus). La princesse aurait été gardée en captivité dans cette citadelle après la destruction de sa capitale par le roi de Sri Ksetra. Dans l’angle nord-est de cette structure est édifié le temple Lemyethna, également de plan carré, à quatre entrées axiales. Comme le suggère son nom, il renferme quatre images du Bouddha, chacune adossée contre le pilier central de la cella (ph. 63-64 ; pl. XXI-XXII).

Les monuments de la capitale sont pour la plupart situés à l’intérieur des fortifications avec 22 édifices intra muros, et 6 extra muros : de ces derniers il y en a un au nord-ouest – le Payagyi (ph. 58 ; pl. XX), un au nord – le Payamagyi (ph. 59 ; pl. XX), un au sud-est et trois au sud – le Lemyethna (ph. 62 ; pl. XXII), le Beibeigyi (ph. 65 ; pl. XXII) et le Bawbawgyi (ph. 60 ; pl. XX). Ces bâtiments, situés en dehors de la cité, sont les plus importants : le Payagyi, le Payamagyi et le Bawbawgyi sont trois grands stupas d’une quarantaine de mètres ; ils dates des du VIème-VIIème siècle 74 . Les deux premiers sont constitués d’un dôme conique, tandis que la superstructure du troisième est un corps cylindrique. Tous reposent sur une base circulaire. Parmi les temples les plus importants de Sri Ksetra, il faut citer le Lemyethna et le Beibeigyi à l’extérieur de la ville fortifiée, tandis que le Zegu oriental et le Zegu occidental sont à l’intérieur. Le premier est une structure carrée d’environ 7 m de côté 75 , munie d’un porche en saillie au centre de chaque face. La cella unique est pourvue d’un noyau central également carré. Le Beibeigyi présente des dimensions plus modestes avec 5,5 m de côté environ. Il ne dispose que d’un porche d’entrée tourné vers l’est. La cella voûtée est flanquée de deux niches au nord et au sud et ne comporte pas de pilier central. Le toit du monument est surmonté d’un grand stupa 76 . Le Zegu oriental, dont la superstructure a disparu, présente une forme légèrement rectangulaire, mesurant approximativement 8 x 9 m, ouvert à l’est 77 . Le Zegu occidental, de plan carré, est ouvert de deux entrées orientées à l’est par lesquelles on accède directement dans la cella, cette dernière est entourée d’un déambulatoire sur les trois autres côtés (ph. 61 ; pl. XXI). Ce déambulatoire est percé de niches inégales dans les faces nord et sud 78 . La majorité des temples de Sri Ksetra ont longtemps été considérés comme des prototypes de l’architecture religieuse de Pagan. Toutefois cette hypothèse est fortement remise en cause aujourd’hui car tous ces édifices dont on pensait qu’ils dataient des VIème-VIIIème siècles seraient peut-être à rattacher à une période plus tardive, justement celle de Pagan.

Des structures funéraires édifiées sous forme de terrasses ont été repérées dans le voisinage immédiat des remparts. Il y en a une au nord de la ville, associée à la pagode Payamagyi, tandis que plusieurs ont été localisées au sud (au moins trois). Ces structures, étant associées ou contenant des urnes funéraires sont désignées par le terme birman pyudaik (littéralement “bâtiment pyu”) (ph. 72 ; pl. XXIV). Toutes sont de forme rectangulaire, avec un second espace délimité à l’intérieur.

Les aménagements de Sri Ksetra sont pour la plupart localisés dans la zone sud de la ville, que ce soit à l’intérieur mais aussi à l’extérieur de l’enceinte. Ce phénomène est dû à la nature même du sol qui présente un substrat argileux au nord, et un socle surélevé de latérite dans la partie sud 79 . Ces conditions géologiques ont donc guidé l’implantation des aménagements civils et religieux dans le secteur méridional du site, tandis que la zone septentrionale était réservée aux activités agricoles.

Notes
73.

U Kan Hla 1979, p. 97.

74.

U Kan Hla 1979, p. 97; fig. 7 & 8, p. 99; fig. 9, p. 100.

75.

U Kan Hla 1979, fig. 14 B, p. 101.

76.

Stargardt 1990, p. 211 & fig. 48, p.210.

77.

Aung Thaw 1972, p. 20.

78.

Aung Thaw 1972, p. 21.

79.

Stargardt 1990, p. 95-96.