Les aménagements hydrauliques

Le site est implanté dans la vallée du fleuve Nawin, au pied d’une zone forestière située au sud-ouest. Outre le Nawin qui représente une source d’eau majeure, d’autres cours d’eau importants alimentent les aménagements hydrauliques de la ville comme les rivières Lathaw et Shangon au nord-est, la rivière Ze à l’est et celle de Taungu au sud-est de la ville (cartes 2 et 28).

À l’extérieur de l’enceinte, les réservoirs installés au sud de la capitale sont de forme circulaire et, pour certains d’entre eux, associés à des terrasses funéraires. Il s’agit des réservoirs identifiés sur la carte par les numéros 6-7, 10-13, 11-12, 15-16 et 19-20 80 . On constate d’ailleurs qu’ils fonctionnaient par paire.

Quatre canaux principaux alimentaient les zones sud et sud-ouest, (canaux A, A1, B et C), les trois premiers étant les plus longs. Quant aux réservoirs identifiés par les numéros 24 et 25, leur taille et leur forme actuelles seraient dues à l’érosion 81 . D’après la configuration des réservoirs et des canaux dans la zone sud, J. Stargardt émis l’hypothèse que ces aménagements assuraient des fonctions à la fois agricoles, défensives mais aussi rituelles liées au culte des ancêtres 82 . Au nord plusieurs canaux prenant leur source sur la rivière Lathaw parvenaient jusqu’à la ville, l’un d’entre eux faisant un détour pour encercler le Payamagyi, également lié à des terrasses funéraires. À l’est, se trouve un vaste réservoir alimenté par des canaux secondaires venant de l’ouest (E1, E2, E3) et du nord (E). D’autres canaux repartent de celui-ci pour irriguer des champs à l’est. Des parcellaires fossiles ont put être distingués dans ce secteur grâce aux photographies aériennes.

À l’intérieur de l’espace fortifié, le réseau hydraulique est particulièrement dense, formé sur la trame de cercles concentriques (canaux A1, A2 et A3) couvrants le sud, l’ouest et le nord de la capitale. Dans le secteur méridional, le canal À alimentait le réservoir sud d’où repartaient trois canaux: un en direction de l’ouest pour parcourir un long trajet circulaire et parallèle aux remparts (A1); un autre partait vers l’angle sud-ouest de la citadelle pour rejoindre le canal A2; enfin un dernier rejoignait la face est de la citadelle pour l’entourer totalement et servait d’alimentation au canal principal de la zone orientale (E). De l’angle nord-ouest de la citadelle partait le canal A3 qui rejoignait le réservoir nord, de même que les canaux A1 et A2, pour achever sa course au nord-est de la ville. Deux autres canaux amorçaient leur course à partir du nord de la citadelle (G et F). La capacité des réservoirs a été estimée sur la base de 3 m de profondeur moyenne. Ainsi les douves avaient une capacité de 2 125 800 m3, le réservoir sud pouvait atteindre une capacité de 810 000 m3, le réservoir nord, une capacité de 691 200 m3, et le réservoir est pouvait contenir jusqu’à 5 875 000 m3, soit un total de 9 502 000 m3   83 . Notons toutefois que ces valeurs indiquées sont certainement sous-estimées car la profondeur moyenne de 3 m, est une indication minimum. Ce réseau hydraulique continu qui pouvait permettre des résultats sans doute considérables en matière de rendements rizicoles, est également envisagé, par certains auteurs, sous des aspects spirituels et religieux. Le parcours des canaux de dérivation convergents et divergents vers la citadelle royale, marque un trajet circulaire, concentrique et continu. À travers ce schéma, J. Stargardt affirme voir une matérialisation, à échelle urbaine, de la roue de la loi bouddhique, le dharmacakra 84 . Notons enfin l’importance qui semble être accordée au parcours des canaux et l’association de l’eau et des terrasses funéraires. Chacune d’entres elles est accouplée à une paire de bassins, généralement creusée au nord de la terrasse.

Figure 17. Sri Ksetra – le réseau hydraulique
Figure 17. Sri Ksetra – le réseau hydraulique

(d’après Stargardt 1990)

Notes
80.

Stargardt 1990, p. 92.

81.

Stargardt 1990, p. 94.

82.

Stargardt 1992, p. 320-21.

83.

Stargardt 1990, p. 101.

84.

Stargardt 1992, p. 319.