II. Les villes « secondaires » pyu. Prospections, état des lieux et repères archéologiques

Plusieurs sites d’époque et d’occupation pyu, inconnus ou ignorés des sources écrites sont implantés en Birmanie centrale. On constate d’abord, en observant la répartition géographique des villes pyu, que les “grandes” villes, encerclant de leurs remparts une vaste surface, ont souvent une autre petite ville fortifiée établie à proximité. C’est le cas de Beikthano avec Taungdwingyi, de Maingmaw et Myodwin (Pinlè), de Sri Ksetra et Thegon. On ne connaît pas de situation similaire à Halin ni à Waddi, site localisé près de Myingyan, mais leur site voisin, s’ils existent, sont peut-être à découvrir. Dans l’état de nos connaissances actuelles, on distingue donc l’existence de deux types de villes “secondaires” : celles qui sont associées à un site important et qui semblent former une paire, et celles qui semblent fonctionner seule ou de manière isolée.

En ce qui concerne Taungdwingyi, Myodwin et Thegon, des éléments typiquement pyu y ont été trouvés mais en l’absence d’investigations approfondies, particulièrement des fouilles, la contemporanéité avec leur grande ville voisine n’est pas assurée. On ne peut, par conséquent, qu’émettre des hypothèses à leur sujet. Soulignons également que la promiscuité entre la ville principale et la secondaire peut atteindre jusqu’à une vingtaine de kilomètres.

La première supposition, dans le cas d’une occupation synchrone des sites géographiquement proches, tient au fait que ces couples de villes fonctionnaient peut-être comme des ensembles urbains uniques, comme des entités à part entière. Faut-il y voir la hiérarchisation d’un même espace urbain distribué entre la “capitale” et sa périphérie ? Les petits établissements périphériques étaient-ils destinés à accueillir une population socialement moins élevée que celle résidant dans la “capitale”, comme des ouvriers ou des artisans, des esclaves ou des paysans ? Étaient-ils réservés à un groupe de population particulier, comme certains fonctionnaires, certains membres de l’armée ? Était-ce la résidence de riches propriétaires fonciers ? Dans un second cas de figure, on peut imaginer que si les deux établissements ne fonctionnaient pas véritablement comme un tout, comme une seule et même entité urbaine, la petite ville assumait peut-être un rôle que la “capitale” ne pouvait endosser, celle de ville marché par exemple, ce qui expliquerait alors leur promiscuité sans qu’il y ait redoublement de fonction.

Toutes ces hypothèses, et il y en a sûrement d’autres possibles, se limitent aujourd’hui à des questions en attente de réponse.