III . L’organisation d’un territoire en réseau : la ville môn

Introduction

Les Môn de Basse Birmanie ont fondé un royaume basé sur un système politique rayonnant à partir de sa capitale (Thaton puis Pegu) mais ne se limitant pas au contrôle d’un petit terroir qui lui était directement dépendant. En effet, la monarchie Môn semble avoir exercé un pouvoir beaucoup plus large, sur le plan territorial, en fondant des villes, semble-t-il, de différentes fonctions. Les sources font largement défaut quant aux Môn de Basse Birmanie, mais les sites que l’on connaît, et surtout leur localisation, tendent à montrer la diversité des rôles qu’ils attribuaient à leurs villes : certaines, implantées en bord de mer, étaient directement liées au commerce maritime, notamment sur la Baie du Bengale ; d’autres, établies à l’intérieur des terres, étaient tournées vers les activités agricoles et/ou éventuellement vers les échanges intérieurs.

En terme d’urbanisme, l’état de nos connaissances sur les Môn est plus lacunaire que sur les Pyu. Les recherches y ont été moindres, surtout dans le domaine de l’archéologie. On retiendra néanmoins quelques facteurs et quelques constantes. Tout d’abord, le climat de Basse Birmanie ne nécessite pas d’irrigation pour la riziculture, facteur qui rend à lui seul le morphologie des villes bien différente de celle des villes pyu ; on constate également une diversité dans l’emploi des matériaux de construction avec l’utilisation tantôt de la brique, tantôt de la latérite, voire le mélange des deux. Lorsque la brique est employée, c’est-à-dire dans la majorité des cas, on trouve, comme chez les Pyu, des lignes tracées aux doigts sur l’une des surfaces.

Le développement des échanges commerciaux en direction du détroit de Malacca et de la mer de Chine depuis l’Asie du Sud-Est a probablement joué un rôle non négligeable sur la population Môn de Basse Birmanie, de même qu’il a eu un impact considérable sur les Môn de Thaïlande et le royaume de Dvaravati. L’image que l’on a néanmoins de la situation en Birmanie du sud à cette époque est bien plus floue qu’au Siam.