Les fortifications et les structures défensives

La ville est adossée à des petites montagnes granitiques à l’est mais surtout à l’est, tandis que les zones ouest et sud sont des plaines alluvionnaires récentes âgées tout au plus de 300 ans. Thaton possédait très probablement un port de mer, 122 ce qui fait de cette ville une fondation maritime dont le rôle, outre celui de capitale, devait être essentiellement tourné vers le commerce (cartes 3 et 32).

L’espace fortifié se développe selon un schéma rectangulaire orienté nord-ouest sud-est, à la base d’un petit massif granitique. Le plan publié dans l’ouvrage de G.H. Luce 123 et datant probablement des années 1950, est le plus complet que l’on possède. Sur ce plan, un double rempart est visible sur la face est avec des douves creusées dans l’espace intermédiaire et en bordure du mur extérieur. Les parois de ces douves auraient été parementées de blocs de latérite. Les murailles sud et ouest sont apparentes mais partielles, et se distinguent sur une longueur de 700 m environ pour la face méridionale et 500 m pour le mur occidental. Ce dernier est simple, sans aucune trace de fossé, et il est relié au double rempart oriental par un mur transversal longé d’une douve étroite sur le côté nord. À l’est, le mur intérieur s’étend sur une distance d’environ 2300 m, et celui du nord mesure environ 1450 m : la surface totale dépassait donc 300 hectares. D’après ce plan de Thaton, plusieurs cours d’eau traversaient les douves de la ville, et les alimentaient probablement au passage.

Au-delà des remparts de la capitale, les vestiges d’un autre mur bordé d’un fossé sur l’extérieur étaient visibles au nord-ouest, entre les collines granitiques et la rivière Yebok. Trois fortins quadrangulaires se trouvaient à proximité immédiate de la ville. Celui du nord était directement accolé au double rempart, mais également à un mur situé plus au nord et qui semble avoir été une protection supplémentaire, entre la rivière et les collines. Ce fortin de plan carré, constitué de quatre enceintes successives, occupait toute la largeur de cet espace intermédiaire. C’était de loin le plus important. Cette construction imposante associée au rempart septentrional indique, peut-être, que le danger le plus redoutable pouvait provenir du nord. Le second, établi au sud du site, à l’opposé du fortin précédent, n’a été que très partiellement dégagé car seul son angle nord-ouest est visible. On distingue toutefois la présence d’une fortification double. Le troisième fortin, le plus distant de la cité, est totalement visible sur le plan avec une fortification double et de forme carrée. Enfin, au centre de la ville fortifiée se trouvent les vestiges d’un bâtiment également de plan carré, bordé d’une douve le long de sa face nord ; ils ont été interprétés comme l’ancien palais. Les prospections que nous avons menées sur le terrain en 2002 laissaient apparaître des vestiges plus limités qu’à l’époque où le plan que nous venons de commenter, a été dressé. La face orientale du rempart de latérite est de loin l’élément le mieux conservé : il ne reste qu’un mur sur les deux édifiés à l’origine, mais il reste visible sur une hauteur importante et sur presque toute sa longueur puisqu’il mesure encore 1920 m (ph. 116 à 122, pl. XXXVIII à XL). L’angle sud-est a totalement disparu de même que les restes de la face occidentale, qui étaient déjà limités dans les années 1950 ; la face méridionale n’est aujourd’hui préservée que sur une courte section. Côté nord, l’angle nord-est est encore en place avec sa double muraille (ph. 123 à 125, pl. XL-XLI). Par contre, les traces des trois fortins, du mur de protection extérieur situé au nord de la ville et celles du “palais” ont totalement disparu aujourd’hui, puisque l’agglomération actuelle recouvre la totalité du site archéologique.

Figure 23. Thaton – plan ancien du site archéologique
Figure 23. Thaton – plan ancien du site archéologique

(d’après Luce 1960)

Figure 24. Thaton – relevé des structures au sol (GPS)
Figure 24. Thaton – relevé des structures au sol (GPS)

Notes
122.

Guillon 1974, p. 275; Aung Thaw 1972, p. 34; U Tin Gyi 1931, p. 9.

123.

Luce, 1969, vol. 1, pp. 24-25