Les aménagements urbain et religieux

Le seul bâtiment qui peut être qualifié de civil au sens strict a été interprété comme l’ancien palais. Il occupait la place centrale de la vieille ville et se présentait sous la forme d’un carré de 200 m de côté environ, fortifié comme une petite citadelle.

Le développement de la ville actuelle concerne surtout la partie nord de l’ancienne capitale. Ainsi, il ne reste que les vestiges de monuments situés dans la zone sud. Le plus imposant des bâtiments religieux est la pagode Shwezayan qui, d’après la légende aurait été construite au Vème siècle avant notre ère pour renfermer quatre dents reliques du Bouddha. Malheureusement, de nombreuses transformations ont affecté son aspect originel, sa base circulaire et sa superstructure conique sont des remaniements modernes 124 . Toutefois, cet édifice nous a livré quelques inscriptions. La réplique d’un texte gravé en vieux môn sur une statue du Bouddha conservée dans la grotte de Kawgun, à 45 kilomètres environ au nord de Moulmein, indique que la statue était due à une reine de Martaban résidant dans la ville de Du’wop. Plusieurs documents épigraphiques demeurent illisibles, mais sur certains d’entre eux on distingue la mention des Krom (Khmers) et des Syam, des Lwa’, c’est-à-dire soit des Wa de Birmanie soit des Lawa de Lavapuri (c’est-à-dire Lopburi), et enfin l’évocation des Ja’ba (Javanais) 125 . À propos de cet ensemble de témoignages épigraphiques, l’attribution d’une date antérieure à la conquête birmane n’est pas une certitude établie. Un dernier document, rédigé en môn et en pali, contient l’éloge d’un roi tantôt cité sous le titre de “savant” (pandit), tantôt sous l’appellation de “seigneur” (trap), qui apparaît six fois dans les deux textes. On le trouve également sous le nom de Makutaraja ce qui a permis à G.H. Luce de l’identifier au dernier roi de Thaton d’après les chroniques birmanes, c’est-à-dire Makuta. La pagode Myatheindan, également désignée par le nom Thagyapaya, se trouve à proximité immédiate de la Shwezayan. Entièrement réalisée dans la latérite, elle se compose de trois terrasses carrées sur lesquelles s’élève une superstructure conique. De multiples restaurations et remaniements ont été effectués sur cet édifice, qui comportait, au XIème ou XIIème siècle, une série de 64 panneaux de bas reliefs en terre cuite. Aujourd’hui, nombreux de ces panneaux sont manquants ou dans un état très dégradé. Quelques scènes dont des illustrations des jatakas ont néanmoins pu être identifiées.

Toujours dans la zone sud et intra muros, se trouve une salle d’ordination, le Kalyani Sima, qui aurait été construite sur les vestiges d’un ancien bâtiment de même fonction 126 . Un de ses piliers de grès porte une inscription en vieux môn relatant une cérémonie bouddhique et la plantation d’un arbre de la bodhi. Cette inscription est lisible mais fragmentaire car le pilier est incomplet. Les autres piliers sont sculptés de bas reliefs illustrant des scènes des 10 grands jatakas 127 . Ces sculptures remonteraient au XI-XIIIème siècle 128 .

Notes
124.

Aung Thaw 1972, p. 37

125.

Dupont 1959, p. 8

126.

Aung Thaw 1972, p. 37

127.

Luce 1953, p. 6

128.

Aung Thaw 1972, p. 37