Bassein

Connue aujourd’hui sous le nom Pathein, cet ancien port autrefois bien connu était également désigné sous le nom sanskrit ou pali Kusimapura ou Kusimanagara, tandis que la province sous son contrôle s’appelait Kusimamandala 236 . Charles Duroiselle fit également le lien entre le nom classique de la ville et celui de Kusumapura qui était l’un des noms anciens Pataliputra, l’actuelle Patna (carte 3).

On ne sait si la ville était dotée de fortifications à sa création ; il est fort probable que des remparts aient été aménagés pour la protéger mais il n’en reste aucune trace aujourd’hui. D’après les traditions locales, Bassein aurait été fondée par la princesse Ummadandi et son époux Thamokdagawtha (ou Samuddaghosa) en 1249. Pourtant, diverses sources môn mentionnent l’hégémonie de Bassein sur 32 provinces, sous la tutelle du royaume de Pegu, mais la date de mise en œuvre de ce système de provinces à Bassein, comme d’ailleurs à Martaban, ne s’est peut-être concrétisée qu’après la chute de Pagan seulement.

Certaines sources légendaires datent leur formation en 625 de notre ère, tandis que le récit du règne du roi de Pegu, Katha Kumara, accorde la création des 32 provinces à ce dernier qui, d’après certains historiens, aurait gouverné de 592 à 599. Or le IXème siècle est aujourd’hui considéré comme l’époque de la première fondation de Pegu. De plus, en 1286, Narapathihapati prit la fuite de Pagan pour se réfugier à Bassein où il résida cinq mois. De ce fait, il apparaît clairement que cette région était alors sous sa domination. Si tel était effectivement le cas, et si Bassein fut fondée en 1249, la durée de vie indépendante de la ville fut fort brève. Or, dès le milieu du XIIIème siècle, le pouvoir birman étant déjà dans une situation politique précaire. Leur motivation pour créer une nouvelle ville à cet endroit parait alors fort obscure. Il est également important de souligner l’aspect lacunaire de l’histoire de Bassein, ce qui est commun à de nombreuses villes de Birmanie. Après l’invasion d’Alaungpaya, au XVIIème siècle, la région fut désertée par un grand nombre de ses habitants 237 , condamnant ainsi à l’oubli une partie importante de la tradition orale.

Parmi les édifices religieux importants de cette ville, la pagode Shwemoktaw est la plus célèbre. Elle aurait été édifiée par Asoka. Son nom d’origine Shwe Ana, aurait été remplacé par celui de Tupayon et la pagode agrandie par le roi de Pagan, Narapatisithu. Ummadandi aurait à nouveau restauré ce temple et rebaptisé sous son nom actuel, Shwemoktaw. Trois autres édifices sont attribués à cette reine: il s’agit de la pagode Tagaung, nommée Mingalazedi à son origine, de la pagode Thayaunggyaung autrefois nommée Mahazedi, et du temple Mahabawdi qui n’a jamais changé de nom 238 .

Notes
236.

Duroiselle 1923, p. 20.

237.

"Gazetteer of Burma", vol. 2, p. 83

238.

Hewett 1916, p. 22