Prospections et état des lieux des forteresses

Kaungsin

Cette forteresse apparaît plusieurs fois dans les sources dès 1237 250 . Victime des déplacements de l’Irrawaddy, ce petit village situé face à Bhamo n’a cessé de devoir se déplacer, car les eaux du fleuve ont considérablement gagné du terrain sur la terre ferme au cours des dernières décennies (cartes 5 et 14). Si des vestiges ont peut-être été visibles à un moment donné, rien ne reste de l’ancienne forteresse de Kaungsin qui n’est aujourd’hui qu’un village extrêmement démuni où toute tradition orale s’est éteinte. Pourtant, cette ancienne place forte semble avoir joué un rôle administratif, militaire et peut-être même douanier à la période de Pagan. En effet, édifiée au bord d’une ancienne route reliant la Birmanie au Yunnan, elle représentait le seuil principal de la région pour atteindre le fleuve. Kaungsin était donc implantée au carrefour de deux axes essentiels, l’un terrestre, l’autre fluvial, et devait en assurer le contrôle tout en assumant sa fonction de poste militaire chargé de garantir l’intégrité territoriale face à la Chine. Ce fort devint également le centre administratif de la Birmanie du Nord puisqu’un gouverneur y fut nommé à partir de 1228 251 . Cette ville est désignée dans les sources chinoises sous le nom de « Tête du fleuve » et tomba aux mains des Mongols le 9 décembre 1283 252 . D’après ces mêmes sources, la chute de la ville entraîna le massacre des 10 000 hommes que comptait sa garnison. Suite à ce sérieux revers militaire, le roi de Pagan Naratihapathi pris la fuite vers l’Arakan, ce qui lui valut, dans les chroniques birmanes, le nom injurieux de « Celui qui a fuit devant les chinois ». Cette fuite souligne l’importance que devait avoir Kaungsin en matière de sécurité pour le pays et le rôle de “verrou” qu’elle a dû jouer, verrou qui, une fois forcé, permit à l’armée Mongole de s’infiltrer jusqu’en Birmanie centrale.

Notes
250.

Luce 1969, vol. 1, p. 36, et note 153 de la même page.

251.

Luce 1969, vol. 1, p. 36.

252.

Huber 1909, pp. 668-669 ; Luce 1958, p. 136.