Tagaung

La fondation de Tagaung est bien antérieure à la création des 43 postes militaires d’Anawratha. Elle est considérée comme le premier emplacement où la population birmane, venue des confins de la Chine et du Tibet, se serait installée dans la vallée de l’Irrawaddy. Ils y auraient fondé leur première capitale. À ce titre, elle fait l’objet d’une étude et d’une description hors de ce chapitre, dans la mesure où ses structures défensives sont très probablement antérieures, elles aussi, au XIème siècle (cartes 5 et 16). Le rempart de Tagaung est double, et se présente sous la forme de deux petites villes jumelles. Il est peut-être même triple si l’on en croit les récentes recherches qui ont été menées sur ce site majeur de Haute Birmanie, par le Département d’Archéologie de Mandalay (infra, chap. XI). G.H. Luce précise à plusieurs reprises, dans son ouvrage de référence, lorsqu’il dresse la liste et fournit de brefs commentaires sur certaines des 43 forteresses, que Tagaung était, tout au moins à l’époque d’Anawratha, une capitale Kadu. Il faut entendre à cela une capitale régionale bien sûr, mais qui était le chef-lieu de la population Kadu à cette époque. En 1228 257 , les Kadu se révoltèrent contre le pouvoir central de Pagan qui réprima la rébellion et assura ainsi la continuité de la domination birmane sur la population Kadu jusqu’à la fin du XIIIème siècle. On a par ailleurs constaté que G.H. Luce, à la lumière de diverses sources épigraphiques et littéraires notamment chinoises, indiquait d’autres établissements secondaires occupés par les Kadu, parmi les postes militaires de cette période. De même que Kaungsin, cette ville, dans son rôle de forteresse, céda à la pression des Mongols et tomba entre leurs mains le 9 décembre 1283 258 . En réaction à la fuite du roi de Pagan, et suite à la mort du principal commandant des troupes birmanes, les soldats de la garnison se seraient découragés et n’auraient affiché que peu de résistance face à l’ennemi, ce qui expliquerait la prise expéditive de la citadelle. Takon est son nom ancien sous lequel elle apparaît fréquemment dans les inscriptions à partir de 1183 259 .

Notes
257.

Luce 1969, vol. 1, p. 36.

258.

Luce 1958-59, p. 136.

259.

Luce 1969, vol. 1, p. 36, note 159.