Myinzaing

Connue sous l’ancienne transcription Mrancuin, cette ville célèbre apparaît pour la première fois dans une inscription en 1266 266 (cartes 5 et 19). Dès 1296, cette forteresse devint pour quelques années la capitale de Simhasura, le cadet des trois frères shan, suite à la chute de la monarchie de Pagan. Les sources chinoises relatent le siège de Myinzaing par les troupes mongoles qui eu lieu du 25 janvier au 8 avril 1301 267 , siège qui se solda par un échec militaire pour ces derniers. Le plan de la citadelle est tout à fait original. Un plan des années 1950 268 montre le tracé de trois villes distinctes accolées les unes aux autres, toutes de forme rectangulaire et alternant entre les orientations oblongues et barlongues. La description chinoise des tentatives mongoles et de leur stratégie pour prendre la ville, mentionne la présence de trois remparts, ce qui prouve que les trois fortifications sont contemporaines les unes des autres, ou en tout cas montre que les trois structures défensives ont fonctionné ensemble au moins à un moment donné. Comme un seul rempart est aujourd’hui nettement visible, on aurait pu croire à des ajouts successifs ou des réaménagements de la ville. L’édification des trois remparts pourrait correspondre à la séparation entre plusieurs quartiers, ils délimitent et différencient peut-être le secteur résidentiel de hauts fonctionnaires de celui de la garnison. À l’heure actuelle, seule la ville “médiane” est conservée, couvrant à elle seule une surface de près de 50 hectares, avec un mur défensif avoisinant les 3 km de circonférence. Les restes d’une douve, actuellement sèche, suivent son tracé (ph. 285, pl. XCIV). Une porte aménagée sur la face est laisse apparaître une architecture intéressante, malgré les restaurations qu’elle a subi et qui en gênent la lisibilité. Il s’agit d’une ouverture étroite à l’heure actuelle – pas plus de 50 cm au sol – percée dans le mur massif du rempart dont l’épaisseur dépasse légèrement 3 m, et qui présente des structures tout aussi massives en retour à angle droit (ph. 288-289, pl. XCV). Ces rampes parallèles, réparties par paire de part et d’autre de l’ouverture, sont peut-être la trace de tours de guet ou d’autres structures destinées à protéger la ville. Le canal Thindwe, probablement l’un des plus anciens canaux de la région et toujours en activité, longe la face ouest du site en allant du nord vers le sud. L’inscription la plus ancienne qui témoigne de son existence date de 1198 269 . Le secteur intra muros est aujourd’hui recouvert par des champs de culture sèche, ce qui permet de voir, selon les saisons et l’avancée des travaux agricoles, d’innombrables tessons lorsque les parcelles sont en labour. Un très grand nombre de poteries tapissait la surface du sol lors de mes deux visites, notamment des céladons et des céramiques communes à engobe rouge que l’on retrouve sur d’autres sites de même période et de même fonction – celle de khayaing – par exemple à Panan. Les vestiges de plusieurs bâtiments religieux sont encore debout sur le site. Le plus imposant est bien entendu le stupa Nanoo (ph. 293, pl. XCVI), localisé dans le secteur est de cette ville “médiane”, tandis que deux petits temples carrés (ph. 291-292, pl. XCVI), très proches l’un de l’autre, sont implantés dans la partie ouest, toujours à l’intérieur des murs, à la même “latitude” que l’édifice précédent. Les façades de ces deux petits temples sont enduites de stuc. Les prélèvements de briques complètes ont été réalisés sur le stupa Nanoo et on y retrouve des mesures courantes pour la période qui nous concerne (38 x 19 x 5 cm).

Figure 65. Myinzaing -– plan d’après photographie aérienne
Figure 65. Myinzaing -– plan d’après photographie aérienne

(d’après Thin Kyi 1959)

Figure 66. Myinzaing – relevé des structures au sol (GPS)
Figure 66. Myinzaing – relevé des structures au sol (GPS)
Notes
266.

Luce 1969, vol.1, p. 38 et note 171 de la même page.

267.

Luce 1958-59, p. 162-163.

268.

Thin Kyi 1959, p. 145.

269.

Luce 1969, vol. 1, p. 32.