Tamôk

La visite de ce site a été l’une des plus belles surprises de mes campagnes de prospection. Il reste aujourd’hui un temple, appartenant aussi à la série des édifices qui imitent les temples excavés dans la roche. Nommé Shwegugyi, nom qui désigne en fait ce type de construction, il a été redécouvert au début des années 1990 par un moine parti en retraite. Depuis, il a simplement été dégagé de la végétation qui le recouvrait, sans qu’aucune restauration ne soit entreprise. Ce petit temple est donc un exemple très rare de structure de la période de Pagan resté intacte. La structure architecturale extérieure est bien visible : un haut monticule de brique imite une formation rocheuse naturelle dans laquelle se dégage une entrée qui semble taillée dans la pierre, le tout étant couronné d’un petit stupa sur le sommet (ph. 338, pl. CXI). Les façades sont recouvertes de stucs, bien conservés dans l’ensemble, et là encore, tout à fait caractéristiques de la période de Pagan (ph. 334-335, pl. CX). Des motifs triangulaires recouvrent et s’adaptent aux angles des pilastres qui encadrent l’entrée. On voit également des hamsas 293 , sur les extrémités droite et gauche de l’entrée, ainsi que deux personnages assis en tailleur dessinés de part et d’autre de la porte. Il semble que ces deux petits personnages soient une figure féminine à droite et une figure masculine à gauche (pour le spectateur - ph. 336-337, pl. CXI). On pénètre à l’intérieur par un petit avant corps marquant l’entrée pour arriver dans une pièce unique où une énorme tête du Bouddha blanche occupe tout l’espace. L’obscurité n’a pas permis de prendre d’image de cette sculpture gigantesque. Il est également possible que ce site ait été fortifié. En effet, lors du creusement d’une tranchée, les habitants sont tombés sur un mur de brique qui paraît massif, à proximité du temple (ph. 332, pl. CIX). Les assises inférieures, un peu plus larges que les trois assises supérieures conservées, évoquent d’emblée un ressaut de fondation. De plus, comme nous l’avons déjà signalé dans l’introduction sur les postes militaires, on a constaté que les briques constituant les remparts sont généralement sous-cuites. Ici la cuisson est “normale” ou aboutie, autrement dit les briques sont bien cuites comme en témoignent la couleur et la texture, ce qui rendraient la qualité de rendre les fondations plus solides pour supporter les superstructures. Aucun élément de comparaison avec d’autres sites n’est disponible sur ce point, car nulle part ailleurs les fondations de rempart n’ont été visibles, ce qui aurait permis de constater si le cas de Tamok est isolé ou si ce procédé de construction était courant à cette période (cartes 6 et 19).

Notes
293.

Le hamsa est oiseau mythique d’origine indienne devenu un symbole de la Birmanie.