La région de Pyinmana-Toungoo

Wanwegon

Cette ville qui se nomme Lèwe depuis l’annexion de la Birmanie par les Anglais, aurait connu de nombreuses transformations dans son histoire (cartes 9 et 25). Sa prospérité fut interrompue par un abandon de 174 ans consécutif à la chute du royaume de Toungoo, puis elle fut repeuplée à partir de 1752 335 . À une date inconnue, un certain Maung Nwè l’aurait fondée d’après les plans conçus par le ministre Nanda Kyawzwa, selon un schéma rectangulaire mesurant 100 ta d’est en ouest, et 80 ta dans l’axe nord-sud 336 , soit 320 m de long par 256 m de large 337 , et l’aurait d’abord nommée Nwègon. Elle est située à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Pyinmana. À l’époque du légendaire Thiri-dhamma Thawka, le dirigeant de Wanwègon perçut de celui-ci une relique sacrée comptant parmi les 84 000 qu’il aurait distribuées. Il reçut le cerveau du Buddha et construisit la pagode Shwe Litla pour y déposer la relique, à l’endroit où le saint homme se serait transformé en daim sauvage. Ce monument fut restauré et étiré à une hauteur de 17 mètres par le roi Alaungsithu (1113-1155) dont la naissance mythique se rapporte à cette région, car il se disait issu des amours d’un prince étranger nommé Padeikkaya sachant voler grâce à la magie d’un rubis, et de Shwe Ainsi, princesse du royaume de Pugayama auquel appartenait la ville de Wanwègon. Il installa également quatre piliers marquant les limites de l’édifice, creusa un réservoir à côté, et fît étendre les terres cultivées en “paddy” attachées à la pagode vers les quatre points cardinaux. Le roi envoya par la suite son ministre Nandathuryia à la rencontre de Maung Shwe Hnyin, chargé du fonctionnement de l’édifice et de ses terres, mais ce dernier, refusant de se subordonner au souverain malgré les insistances du ministre, attacha une pierre autour de son cou et se jeta dans le fossé entourant Wanwègon. Alaungsithu coupa alors le corps en trois portions, mais, au moment de repartir, la barge royale refusa d’avancer. Le roi comprit alors que Maung Shwe Hnyin s’était transformé en nat qui l’empêcherait de quitter les lieux avant qu’un édifice ne soit érigé en sa mémoire. Le monarque lui fit donc construire un palais entouré d’immenses terrains dépendant, ainsi que deux pagodes à Wanwègon qui sont celles de Paung Daw U et Paung Daw Chi. Enfin, les descendants de Maung Shwe Hnyin prirent la relève dans la charge de la pagode Shwe Litla. Hélas, les enquêtes que j’ai menées sur le site en 2002 n’ont pu venir étayer l’histoire locale, et si le rempart a véritablement existé, il n’en reste aucune trace ni sur le terrain ni dans la mémoire collective des habitants. Le nom de la pagode Shwe Litla n’évoquait rien non plus ; par contre, restent toujours en place les pagodes Paung Daw U et Paung Daw Chi. La première est située à l’extérieur de la ville et d’accès peu aisé, tandis que la seconde est édifiée dans la ville même.

Notes
335.

Scott 1901, part II, vol. 3, p. 339.

336.

Wilkie 1934, vol. A, p. 25.

337.

Le ta est une unité de mesure birmane s’appliquant à la longueur et à la distance. Un ta correspond à 10,5 pieds ou à 3,2 mètres (Scott 1901, part II, glossaire des volumes 1, 2 et 3).