Vesali

Localisée au sud-est de la capitale précédente, la date de fondation du nouveau siège du pouvoir, Vesali, qui marque par ailleurs l’émergence de la dynastie Chandra, reste indéterminée. Pour certains qui se fondent sur les inscriptions de pilier d’Ananda Chandra, sa création remonte au IVème siècle de l’ère chrétienne, vers les années 350-70 ; pour d’autres qui suivent le récit des sources textuelles, notamment le Rãjwang, Vesali succéda en tant que capitale à Dinnyawadi en 788 de notre ère. C’est au cours de cette période durant laquelle dominent les rois Chandra que les contacts avec le Bengale oriental, la région est du Bangladesh actuel, semblent les plus étroits. Une dynastie portant le même nom de Chandra, bouddhiste elle aussi, exerçait son pouvoir sur la région de Comilla-Mainamati-Chittagong, région nommée à cette période Samatata. La tradition orale arakanaise fait état d’une invasion victorieuse de Chittagong par le roi de Vesali Tsulataing Chandra en 953, qui défit le chef local nommé Kantideva 377 . D’après P. Gutman, les données archéologiques permettraient de situer sa fondation vers le début du VIème siècle 378 . L’interruption du commerce à travers la Baie du Bengale au milieu du XIème siècle par les invasions Cola et les incursions en Arakan des populations venues de l’est auraient précipité la chute de Vesali (carte 10).

La ville fortifiée revêt la forme d’un ovale irrégulier et très étiré, proche du rectangle. La face orientale est toutefois plus courte que la muraille ouest, mesurant environ 3200 m. La largeur maximale du site approche les 2100 m, et la surface intérieure au rempart atteint 7 km² ce qui, en terme de grandeur, place Vesali entre Beikthano et Halin. De même qu’à Dinnyawadi, l’espace urbain s’est développé au pied de collines, mais dans le cas présent, le relief ne se substitue pas au rempart, à l’exception peut-être de l’angle nord-est. De nombreux petits cours d’eau traversent et alimentent l’intérieur du site ; le Rann Chaung longe pour sa part la face occidentale de la vieille ville. Plusieurs réservoirs destinés à récupérer les eaux de pluies se comptent sur le site dont un de taille importante dans le secteur est 379 .

Figure 91. Vesali – plan d’après photo aérienne
Figure 91. Vesali – plan d’après photo aérienne

(d’après Thin Kyi 1970)

Certaines sections du rempart de brique sont encore clairement visibles, particulièrement le mur nord. Celui-ci a été récemment transformé en voie de passage et élargi par un comblement de terre réparti de part et d’autre du mur de brique (ph. 496 à 498, pl. CLXIII). L’ancienne douve se distingue également dans cette partie du site ; bien qu’elle soit aujourd’hui sèche et comblée, la trace de son creusement a laissé une légère dépression à la surface du sol. Rien ne demeure des faces est et ouest ; côté sud, seule une petite partie du rempart est accessible car coupé par un canal ou un petit cours d’eau, le pont permettant de le traverser était détruit lors de notre visite sur le terrain en 2002 (ph. 499, pl. CLIX). Localisée près du centre géométrique de la vieille ville, dans le secteur nord-est, la petite citadelle présente un plan rectangulaire allongé sur l’axe nord-sud. Sa présence figure parmi les caractéristiques communes avec le site de Dinnyawadi mais ici ses dimensions sont plus modestes et atteignent environ 500 m de long et un peu plus de 300 m de large. L’enceinte se détache clairement dans le paysage aujourd’hui, notamment dans la partie sud-est. Comme à Dinnyawadi, de nombreux éléments de sculpture ont été exhumés soit au cours de fouilles soit à l’occasion de travaux agricoles (ph. 500 à 502, pl. CLXIV).

Figure 92. Vesali – relevé des structures au sol (GPS)
Figure 92. Vesali – relevé des structures au sol (GPS)
Notes
377.

Khan 1999, p. 17.

378.

Gutman 1976, chap. I.

379.

Thin Kyi 1970, p. 7.