Thagara-Tavoy

Cette ville est une des seules villes rondes de Basse Birmanie, sinon la seule (carte 11). La tradition locale situe, rappelons le, sa fondation en 113 de l’ère birmane, c’est-à-dire en 751 de notre ère. L’espace fortifié, d’une surface de près de 99 hectares, est enserré par trois remparts de brique presque circulaires, concentriques et séparés par de larges douves (ph. 532 à 538, pl. CLXXIV à CLXXVI). La lecture des vestiges à partir de photos aériennes ne permet pas de distinguer ces trois murs concentriques qui, sur ce type d’images, ne forment qu’un tout 392 . C’est sur l’axe est-ouest que la ville est la plus large et atteint 1230 m environ dans sa partie médiane et jusqu’à 1600 m dans sa largeur maximum ; du nord au sud, toujours sur l’axe médian, les dimensions du site avoisinent 980 m.

Les briques correspondent à des modules de grandes dimensions que l’on trouve sur l’ensemble des sites antérieurs au XIème siècle, avec des dimensions qui atteignent 40 x 24 x 10 cm pour certaines et 42 x 23 x 7 cm pour d’autres. Quelques exemples de briques marquées au doigt ont été retrouvées sur le site par les équipes birmanes : ces témoignages archéologiques corroborent la tradition locale à propos de la période de fondation du site, largement antérieure au XIème siècle. Quelques exemples de briques estampillées ont également été découvertes par ces mêmes équipes 393  ; celles-ci font écho aux briques estampillées que nous avons vues lors de nos prospections sur le site de Mokti. Le gabarit de ces briques portant des estampillages est similaire à celui des briques complètes, non marquées, que nous avons trouvées à Thagara 394 .

Dans la zone sud du secteur intra muros, s’élèvent les vestiges d’une structure de brique, peut-être postérieure à la fondation de la ville. Il reste de cette construction un mur orienté est/ouest visible sur 400 m, et qui formait autrefois la face sud de cet ensemble ; sont également encore en place la face orientale, sur une centaine de mètres, et l’angle sud-est qui relie ces deux murs. Le stupa le plus important de la ville, le Shinzalu, s’élève dans le secteur nord ; un autre édifice bouddhique se tient un peu plus au sud, dans la zone centrale du site. Plusieurs petits stupas, de plan carré, circulaire ou octogonal, s’élèvent sur le rempart même et sont considérés par la tradition locale comme contemporains à l’édification de la structure défensive : deux sont localisés sur le rempart extérieur nord et un autre sur le même mur de rempart, côté ouest (ph. 539 à 541, pl. CLXXVII). Des dégagements ont été entrepris il y a deux ans par le Département d’Archéologie de Rangoun, sur un tertre situé au centre de la vieille ville et que la tradition identifie comme le site de l’ancien palais, mettant partiellement au jour un bâtiment de brique barlong, divisé en plusieurs cellules et muni d’un avant-corps (ph. 530-531, pl. CLXXIV). Les résultats de ces fouilles n’étant pas encore disponibles, on ne sait quel type de matériel a pu être exhumé et donc la fondation du site et sa durée d’occupation demeurent pour l’instant incertaine. La contemporanéité de ce bâtiment avec l’édification du rempart n’est pas établie non plus pour le moment.

Figure 97. Thagara (Tavoy) – plan d’après photographie aérienne
Figure 97. Thagara (Tavoy) – plan d’après photographie aérienne

(d’après Aung Myint & Moore 1991)

Figure 98. Thagara (Tavoy) – relevé des structures au sol (GPS)
Figure 98. Thagara (Tavoy) – relevé des structures au sol (GPS)

Notes
392.

Aung Myint & Moore 1991, p. 98.

393.

Aung Myint & Moore 1991, p. 99, fig. 16

394.

Les mesures des briques marquées au doigt et estampillées sont : 41 x 20 x 7 cm et ? x 23 x 8 cm (Aung Myint & Moore 1991, p. 101).