XIV. Les Môn du Siam ancien : quelques éléments de comparaison

Introduction

L’émergence du royaume de Dvaravati

C’est aux abords du VIème siècle de notre ère que les terres du Golfe de Siam virent l’émergence du royaume Môn de Dvaravati. La naissance de cet état semble résulter d’une lente et progressive gestation puisque l’on ne connaît pas de rupture brutale entre les populations établies dans cette région aux époques protohistoriques et l’apparition de ce royaume qui marque le début des périodes historiques en Thaïlande. On constate au contraire une certaine continuité d’occupation qu’un long développement est venu transformer graduellement au cours des siècles pour fédérer en un état les diverses communautés de ce vaste territoire. L’histoire et l’occupation ininterrompues, de l’âge protohistorique au XIIème siècle, sur les sites d’U Thong ou de Chansen en sont les plus beaux exemples 396 . Le cœur même de l’ancien royaume de Dvaravati représente un pays aux ressources multiples : des mines d’or de cuivre, de fer, de plomb et parfois d’étain se rencontrent à divers endroits 397  ; le terroir, ensuite, se compose de vastes terres arables, d’un réseau hydraulique dense et généreux. Enfin, les habitants, selon leur zone d’implantation, pouvaient tirer profit des produits de la mer, de la forêt mais aussi de la montagne, dans un milieu rarement sujet au catastrophes naturelles.

Pour certains auteurs, notamment H.G. Quaritch Wales, la région de Dvaravati anciennement dénommée Chin-Lin constituait une entité culturelle et politique clairement distincte de l’ancien royaume du Fu-Nan, centré sur le célèbre site d’Oc-éo dans l’actuelle Vietnam. Ce puissant voisin qui dominait largement la partie Sud orientale de la péninsule indochinoise connut une fin irrémédiable au milieu du VIème siècle. Toujours d’après ce même auteur, c’est la chute du Fu-Nan, jusqu’alors un écrasant état limitrophe, qui aurait donné l’opportunité au royaume de Dvaravati d’émerger 398 . Depuis la formulation de ces hypothèses, de nombreuses recherches archéologiques dans la région, favorisées par le caractère stable de sa situation politique, ont clairement montré la prédominance du Fu-Nan dans le bassin du Ménam. L’abondance d’un matériel typique et caractéristique, notamment sur le site d’U Thong, témoigne de la main mise du Fu-Nan sur l’ensemble de la région durant les premiers siècles de notre ère 399 . Le développement du royaume de Dvaravati connut son plus bel essor à partir du VIIIème siècle puis ne résista pas, au tournant du Ier millénaire, à la montée en puissance et aux ambitions de conquête de l’empire Khmer.

Aujourd’hui, 65 sites au moins ont été repérés par le biais d’images aériennes dans la seule vallée du Chao Phraya 400 , l’ancien noyau du royaume de Dvaravati.

Notes
396.

Wheatley 1983, p. 204 ; Vallibhotama 1992, p. 126.

397.

Lyons 1979, p. 353.

398.

Wales 1969, p. 7.

399.

Loofs 1979, p. 342.

400.

Vallibhotama 1992, p. 123.