Les sources

Les sources concernant l’actuelle Thaïlande sont singulièrement peu nombreuses pour les périodes antérieures au VIIIème siècle de notre ère 401 . Les récits chinois sont, comme bien souvent en Asie du Sud-Est, les premiers témoignages textuels évoquant cette région. L’Histoire des T’ang s’y réfère sous l’appellation To-ho ou To-ho-lo, puis le moine Hian-tsang mentionne l’existence du royaume de To-lo-po-ti et le situe entre les royaumes de Sri Ksetra et d’Isanapura (Sambor Prei Kuk au Cambodge) ; par la suite, un second moine chinois, I-Ching, fera allusion à Dvaravati sous un nom très similaire au précédent (To-ho-po-ti), et enfin les compilations de T’ung-Tien, rédigées au VIIIème siècle, rendent compte du royaume de To-ho ou To-ho-lo 402 .

Le répertoire épigraphique, qui est peu abondant dans ce contexte, constitue notre seconde source d’information, et c’est par l’intermédiaire de ce corpus que nous est parvenu le nom de Dvaravati. On connaît à ce jour l’usage de trois langues dans cet ancien royaume : le vieux môn, employé pour les inscriptions dédicatoires ; le sanskrit qui était utilisé pour les enregistrements officiels ; enfin le pali pour les citations de textes bouddhiques 403 .

Tout d’abord, les découvertes provenant d’U Thong dont la plus importante reste une inscription de six lignes gravées sur une plaque de cuivre (copper-plate), rédigée en sanskrit et dont l’écriture utilise des caractères pré-angkoriens 404 . Celle-ci, découverte près du rempart nord, fait état de l’accession au trône du roi Harsavarman, petit fils du roi Isanavarman. On ne reprendra pas ici le débat sur l’identification possible d’ Isanavarman comme étant ou pas celui qui devint roi du Chen-la vers l’année 615, ni sur l’hypothèse de l’origine khmère de ce roi. Le contenu de ces quelques lignes ont en tous cas permis de prouver et d’interpréter la fonction de la ville d’U Thong comme étant la première capitale du royaume de Dvaravati. Une seconde inscription d’importance majeure, retrouvée dans la vieille ville de Nakhon Pathom, gravée sur une médaille d’argent et dont les caractères sont attribués au VIIème-VIIIème siècle, relate les travaux méritoires du roi de Sri Dvaravati. De même que dans le cas précédent, cette inscription a permis de supposer que Nakhon Pathom fut la seconde capitale du royaume 405 .

Notes
401.

Lyons 1979, p. 352.

402.

Saraya 1999, p. 52.

403.

Skilling 2003, pp. 104-105.

404.

Wales 1969, p. 21-22 ; Wheatley 1983, p. 204.

405.

Wheatley 1983, p. 206.