Choix de la zone étudiée

Dans notre perspective comparatiste, ce qui semble avoir été les limites politiques réelles du royaume de Dvaravati seront prises en compte, cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le rayonnement culturel de cette civilisation Môn a de loin dépassé les frontières strictement politiques de Dvaravati pour s’étendre à des régions éloignées de la vallée du Chao Phraya comme la Thaïlande du Nord-Est 406 . Ces secteurs attestent d’une assimilation certaine de la culture de Dvaravati mais présentent également des traits culturels bien particuliers qui ne relèvent pas, a priori, de la même population. C’est en tous cas les témoignages que nous ont laissé les anciens occupants du Plateau du Khorat, ou ceux des vallées du Mun et du Chi, où l’usage des bornes bouddhiques (sima), à titre d’exemple. Très fréquentes et très répandues dans ces régions, ces pierres destinées à matérialiser les limites d’un espace religieux (souvent des salles d’ordination) ne constituent pas une pratique connue dans le bassin du Chao Phraya 407 , pas plus que chez les Môn de Basse Birmanie.

Ensuite, les exigences d’une vision de comparaison requièrent bien entendu de confronter des éléments comparables. Le milieu et les conditions géographiques constituent le premier facteur qui s’impose d’emblée puisque le développement et la survie de ces sociétés traditionnelles se basaient essentiellement sur les ressources agricoles. Il convient donc de limiter la zone “étrangère” étudiée à des secteurs qui permettent, comme chez les Môn de Basse Birmanie, la culture du riz inondée, mais qui offre aussi la possibilité de contacts maritimes et d’en retirer ainsi des revenus liés à la pratique du commerce que proposent ces voies d’échanges. La moyenne vallée du Chao Phraya sera intégrée à notre étude dans la mesure où, même si cette région n’entre pas en contact direct avec la mer, le fleuve constitue une voie de communication de premier ordre et l’éloignement relatif des établissements de cette région au Golfe du Siam correspond par ailleurs à une distance équivalente de certains établissements môn de Basse Birmanie, notamment les villes fondées au nord de Pegu. En cela, la diversité des lieux d’implantation, et donc des ressources liées aux conditions géographiques, que l’on rencontre au sein même de l’état de Dvaravati est très proche des conditions de l’ancien royaume de Ramannadesa.

Notes
406.

Lyons 1979, p. 353.

407.

Skilling 2003, p. 101.