Présentation des principaux sites

Les capitales

U Thong

Comme nous l’avons déjà mentionné dans les pages précédentes, U Thong était, d’après les témoignages épigraphiques, la première capitale du royaume de Dvaravati. Implantée dans le bassin inférieur du Chao Phraya, le rôle prépondérant de la ville dans les échanges commerciaux transparaît à travers l’abondance du matériel étranger qui a été exhumé au cours des fouilles (carte 12). Cette hétérogénéité laisse également à penser qu’une société très cosmopolite peuplait peut-être la ville 408 . Cette première capitale de Dvaravati a sans doute joué un rôle important de relais entre le centre et le sud du pays comme le montre son implantation au cœur du réseau routier, sa situation de carrefour au croisement des grands axes terrestres. Une occupation continue est attestée sur le site depuis les périodes pré et protohistoriques jusqu’à l’époque de Dvaravati à la fin de laquelle le site est brutalement abandonné. Étonnament délaissé durant toute la durée de l’occupation khmère en Thaïlande, le site reprend vie à l’époque d’Ayudhya 409 .

Le rempart de terre qui était probablement rehaussé d’une palissade de bois décrit un plan irrégulier et plus ou moins elliptique, allongé nord-nord-est/sud-sud-ouest avec une face occidentale rectiligne, opposée au mur oriental qui s’incurve largement vers l’extérieur ; les raccords qui les relient à la face sud sont très arrondis et s’opposent également à l’extrémité nord qui forme une pointe orientée vers le nord-nord-est.

Figure 100. U Thong – plan général du site archéologique
Figure 100. U Thong – plan général du site archéologique

(d’après Boisselier 1965)

Si l’existence de cultes hindouistes, tant sivaïte que visnuïte, est attestée à U Thong, le bouddhisme n’en reste pas moins la religion dominante comme le montre les édifices religieux et le matériel archéologique. De nombreux stupas, localisés tant à l’intérieur de la ville que hors les murs, ont été dégagés lors des investigations menées dans les années 1960. On y rencontre des stupas sur base carrée avec des édifices miniatures aux angles mais également des édifices à base octogonale (stupas n° 6, 13, 15, 28) qui sont considérés, en Basse Birmanie comme une signature du peuple Môn. Q. Wales mentionne également la présence d’un monastère bouddhique, ou vihara 410 . Le matériel mis au jour compte de très nombreuses figurines en terre cuite moulées à représentation humaine et animale. Des tablettes votives bouddhiques en argile cuite sont également présentes sur le site, et l’on soulignera les ressemblances de ces objets par la forme, la taille et l’aspect général avec les tablettes pyu de Birmanie centrale 411 . Une grande quantité de perles a également été découverte, mais aussi quelques bijoux en or, de la vaisselle de bronze, des empreintes de sceau et surtout des médailles d’argent qui attirent plus particulièrement notre attention. Ces médailles relativement courantes dans le contexte du royaume de Dvaravati portent des symboles très répandus en Asie du Sud-Est tels que la conque, le soleil levant et le srivasta. Ces objets, très répandus en Birmanie aux époques antérieures à la conquête birmane, et que l’on trouve tant chez les Pyu que chez les Môn ou encore en Arakan et dans l’état Shan, sont souvent interprétés comme des monnaies dans le contexte de la Birmanie ancienne. À l’inverse, les auteurs traitant de l’archéologie de Dvaravati perçoivent plus volontiers ces mêmes objets comme étant des médailles à usage rituel ou qui pourraient être employées comme dépôt de fondation 412 . Ce sont les inscriptions que portent ces médailles, qui font souvent allusion à des actes méritoires, qui ont poussées les chercheurs à les interpréter comme telle. La question sur l’usage de ces objets restent néanmoins ouverte au débat.

Notes
408.

Saraya 1999, p. 97.

409.

Boisselier 1965, pp. 144 et 151.

410.

Wales 1969, p. 25.

411.

Pour un exemple de ces tablettes, voir Boisselier 1972, fig. 16.

412.

Skilling 2003, p. 93.