Nakhon Pathom

Seconde capitale du royaume, Nakhon Pathom est également l’une des plus vastes villes de Dvaravati. Elle aurait été fondée au cours du dernier quart du VIIème siècle, à une période d’extension du pouvoir et de développement du commerce maritime. Il n’est pas exclu que les troubles politiques que connut le Chenla à cette époque laissa une opportunité au royaume de Dvaravati d’étendre et d’affirmer ses propres frontières 413 . Parallèlement à cette situation, la dynamisation des échanges maritimes dans la région, notamment avec le royaume de Srivijaya, favorisa sans doute l’émergence de cette nouvelle capitale à proximité des rivages du Golfe de Thaïlande 414 (carte 12).

Comme précédemment évoqué, deux médailles d’argent portant des inscriptions ont été retrouvées sur le site et ont d’identifié Nakhon Pathom comme l’ancienne capitale du royaume. La paléographie de ces mêmes inscriptions a permis de dater le site dont la fondation remonterait, d’après G. Cœdès, au VIIème siècle de notre ère 415 . Les fouilles qui ont été effectuées sur le site ont révélé très peu de niveaux stratigraphiques et peu de matériel pour les périodes antérieures à celle de Dvaravati, à l’inverse d’U Thong où une population anciennement installée sur le site était encore présente lorsque celui-ci devint un centre urbain fortifié. Contrairement à cette première capitale, les Khmers réoccupèrent Nakhon Pathom.

L’espace fortifié trace un rectangle irrégulier aux angles très arrondis, et qui se déploie d’est en ouest. Un cours d’eau traverse également le site. Au centre géométrique de la vieille ville se dresse le Phra Pathon. Le dépôt de fondation du monument a été retrouvé intact et in situ. Celui-ci se composait d’un mobilier en bronze varié comprenant, entre autres, des chandeliers à trois branches, des cymbales et clochettes ainsi qu’une plaque représentant le Bouddha. À l’extérieur de l’enceinte, en direction du sud-ouest, fut édifié le Wat Phra Men. La superstructure de l’édifice, qui était sans doute un stupa, a disparu. Seuls les niveaux inférieurs du monument sont conservés et présentent une base carrée entourée d’une galerie et de terrasses cruciformes et concentriques. L’ensemble rappelle le stupa de Paharpur (actuel Bangladesh) ou le temple Ananda de Pagan. À l’intérieur de la galerie, quatre Bouddhas assis, taillés dans de la quartzite, s’appuient au corps du bâtiment central. On ne peut s’empêcher de penser aux nombreuses structures à pilier central contre lequel s’adosse quatre Bouddhas que compte la Birmanie centrale, notamment à Pagan, mais que l’on rencontre également dans la dernière capitale pyu Sri Ksetra. Un peu plus au nord, toujours hors les murs, s’élève le Phra Phatom mais, la structure d’origine ayant subi diverses rénovations n’est plus lisible. Les Khmers l’ont d’abord transformé en temple, puis de lourdes modifications sont venues se surimposer au XIXème siècle.

L’art et l’architecture de Nakhon Pathom, dans leur ensemble, atteste de la présence de plusieurs courants religieux sur le site et la pratique du bouddhisme theravada mais aussi mahayana 416 . Cette variété des croyances reflète sans doute la mixité de la population de ce grand centre commercial.

Figure 101. Nakhon Pathom – plan général du site
Figure 101. Nakhon Pathom – plan général du site

(d’après Wheatley 1983)

Notes
413.

Wales 1969, p. 32.

414.

Saraya 1999, p. 107.

415.

Wales 1969, p. 33.

416.

Saraya 1999, p. 111.