Une organisation territoriale en réseau

Cette caractéristique commune aux Môn de Basse Birmanie et de Thaïlande reste sans doute la plus fondamentale. On constate en effet, des deux côtés de la frontière, une gestion et une diversification similaires des ressources que reflètent les implantations urbaines avec la présence de sites tournés vers la mer et le commerce maritime d’une part, et des établissements fondés à l’intérieur des terres fertiles qui tiraient profit des ressources agricoles d’autre part. On remarque par ailleurs que dans le cas du royaume de Dvaravati et celui de Ramannadesa les capitales étaient des implantations côtières et le sont restées au fil des siècles et des périodes de transfert de pouvoir. Pegu ne constitue pas une réelle exception à cette règle dans la mesure où son accès à la mer était facile et direct. D’ailleurs, U Thong comme Nakhon Pathom étaient établis légèrement en retrait du littoral avec un accès très aisé et rapide au Golfe du Siam.

Le nombre important de ces villes tend à mettre en valeur (comme dans le contexte de la Basse Birmanie) le système d’occupation du territoire chez les Môn, qui semble fortement avoir été basé sur une répartition en réseau. Ces établissements, par leur multiplicité, tissaient un ensemble homogène couvrant la totalité du pays, et pouvaient former autant de relais et d’intermédiaires entres les régions qui composaient ce territoire. Comme nous l’avons déjà évoqué, l’absence cruciale de sources concernant l’histoire des Môn de Thaïlande ne nous permet pas de comparer d’éventuels statuts de villes, ou de suspecter une hiérarchisation territoriale qui dépasse le simple système de capitale et périphéries telle qu’on la connaît en Basse Birmanie avec l’exemple du découpage en 32 provinces.