La définition d’un champ et la délimitation d’un territoire passent par l’utilisation de concepts propres. Après ce que nous avons découvert de confusion de niveaux et d’ambiguïté linguistique, dans le discours des sciences cognitives, il nous paraît nécessaire de nous arrêter sur l’emploi de deux concepts qu’elles utilisent abondamment. Nous voulons parler des concepts de «représentation” et d’”intentionnalité”.
Ces deux notions sont intimement liées. Pour le cognitiviste il y a «intentionnalité” par le seul fait que toute «représentation” est «représentation de” (quelque chose) 359 . Pour des raisons de clarté, parce que ce sont des notions extrêmement connotées, nous les aborderons cependant successivement, quitte à nous répéter parfois.
Nous examinerons en premier la notion de représentation. Nous avons déjà vu comment se posait le problème dans le champ de l’I.A. Nous allons y revenir plus en détail. Puis nous examinerons ce que font les neuro-sciences de cette notion. Il y a en effet deux façons de réduire les représentations. A la façon de l’I.A. en les réduisant à l’”information”. A la façon des neurosciences, en les réduisant à des «objets” neurophysiologiques, des graphes neuronaux pour les uns, des bains chimiques et hormonaux pour les autres. ( Mais quoiqu’il en soit ce qu’ils veulent tous, c’est « naturaliser » l’esprit 360 ).
Le psychologue à la différence du pur cognitiviste ne peut s’arréter là. Pour lui il n’y a de représentation que représentation de quelque chose pour quelqu’un.
Pour défendre la psychologie contre les réductionnismes, nous adoptons souvent un ton offensif, et sans doute éxagérement polémique. Les recherches des sciences cognitives sont toutes utiles. Nous «énervent” ceux qui se font des succés faciles –tant on aime ce qui nous asservit- en se payant la psychologie et souvent avec elle la pensée ou l’intériorité.