Vertus de la parole.

Après ces réflexions sur la demande qui nous ont amené à mettre l’accent sur les limites de la pure parole, 589 de la parole « expressive », n’embrayant sur rien d’autre, avant d’aborder la question du projet, de la parole qui « engage », et de ce qui la prépare, l’évaluation, il est temps tout de même de souligner ses vertus. Parler n’est pas le tout de la rencontre psychologique, mais s’exprimer, être écouté, a déjà des effets.

En clinique scolaire la rencontre avec l’enfant, ses parents, son enseignant, s’organise le plus souvent autour d’une évaluation, mais une bonne moitié du temps est occupée à des dialogues avec ces différentes personnes. Dans l’entretien préalable, consacré à l’analyse de la demande, durant le bilan, avec l’enfant, dans les entretiens de restitution qui suivent le temps d’évaluation, on parle avec et autour de l’enfant. Et dans ces échanges de parole des choses bougent, des dynamiques psychologiques, intellectuelles et affectives, naissent et évoluent qui, en elles-mêmes, peuvent déjà retourner la situation. Si nous avons critiqué plus haut l’adoption systématique du point de vue de l’entretien thérapeutique, nous ne nions pas et nous ne refusons pas d’utiliser l’effet positif de ces paroles. Le psychologue scolaire n’est pas un psychanalyste. Ni ses compétences, ni son cadre d’exercice, ni les missions qui lui sont confiées, lui autorisent cet exercice. Pour autant, il connaît le pouvoir des paroles qui sont échangées là, et il sait l’effet apaisant, voire résolutoire qu’elles peuvent jouer.

Notes
589.

Si nous avons voulu introduire la question de l’échange de paroles par un regard critique sur l’ » analyse de la demande », c’est qu’elle nous est apparue significative d’un certain type d’écoute, qui n’est qu’un moyen de faire taire l’autre. Un refus de ce qu’il a à nous dire, au motif qu’il ne le saurait pas. Qu’il arrête de demander, qu’il se taise et il sera guéri.