L’écolier perdant pied.

C’est encore l’évaluation qui permet de distinguer ce que H. Caglar appelle des ‘«’ ‘ fléchissements scolaires ’». R. Zazzo parlait lui de ‘«’ ‘ l’écolier-perdant-pied ’». Comme le dit H. Caglar 659 : ‘«’ ‘Le problème qui se pose au psychologue scolaire est celui du diagnostic différentiel entre un état réactionnel à une situation ou à des états traumatisants et des troubles structuraux plus organisés. Dans la première alternative ces réactions peuvent être considérées comme des mécanismes de dégagement qui témoignent de la crise que vit actuellement l’enfant et des efforts déployés pour la maîtriser. Ces états réactionnels sont transitoires. Leur dépistage précoce par le psychologue de l’école et la mise en place d’aides appropriées favorisent le dépassement harmonieux de la crise »’. Le psychologue scolaire est là pleinement dans un travail de prévention. Son action a pour but d’éviter que le problème ne s’enkyste.

Kean est arrivé cette année dans l'école. Décrit comme «  un chien fou », mais plein de bonne volonté. Depuis peu il s’est mis à présenter un comportement «  incohérent ». L’institutrice me fait rencontrer les parents. Ils partagent leur vie professionnelle entre deux hôtels : au bord du lac et dans une grande station de ski. Jusqu'à cette année Kean les suivait en changeant de maternelle …quand il y allait. Les parents n’ont pas beaucoup de temps pour s’occuper de Kean. Il y a une jeune anglaise au pair, les autres employés et surtout les clients. Ce type de situation produit des enfants pas très «  cadrés », mais dans ce cas précis, ce ne sont pas ces difficultés qui ont inquiété l’institutrice. Elle a l’habitude et gère très bien ces problèmes. Non, ce qui l’a inquiété c’est une brusque dégradation du comportement un peu avant Toussaint. Kean s’est mis à faire «  n’importe quoi ». Il semblait même avoir perdu tous ses acquis. D’où une demande angoissée de bilan par les parents et l’institutrice. Les résultats objectifs étaient normaux et j’ai pu les rassurer. En m’entretenant avec l’institutrice, les parents, ou lors du bilan de Kean, j’ai pu reconstituer les évènements qui avait conduit à cette crise soudaine mais sans gravité réelle pourvu qu’on puisse y réagir. Comme on l’a dit, entrer dans les règles de vie de l’école était un peu difficile pour Kean. En outre, la lecture lui demandait un gros effort. Kean avait parlé anglais avec sa mère jusqu’à trois ans. Tout cela, Kean arrivait cependant, avec beaucoup de tension et d’effort à le surmonter. Mais un évènement avait crée les conditions de cette crise plus sérieuse. Depuis quelques temps les parents s’étaient mis à préparer la saison d’hiver. Puis ils étaient partis trois jours dans leur autre hôtel. Kean savait que cette année pour la première fois il ne suivrait pas ses parents mais resterait avec grany et granpa. La lecture du soir s’était mal passée avec les grands-parents. D’où tension dans la famille au retour des parents. De la culpabilité, des non-dits, et la mère qui s’en exprime à une amie «  bien informée » reçoit le conseil de faire passer un scanner à son gamin. A partir de là c’est toute la famille qui s’affole. C’est le moment où Kean devient incohérent.
L’intervention du psychologue scolaire a permis de calmer le jeu et de traiter le vrai problème de la séparation. Kean a rapidement retrouvé son comportement précédent. Pour autant, tout n’a pas été facile, mais famille, école, enfant ont pu à chaque petite difficulté mobiliser les ressources qui leur permettaient de les dépasser.
Notes
659.

Ouvrage cité, page 52.